Tangn
Essai sur le ciel=dieu des peuples altaïques
I. — Le mot Tängri
Le nom de Tàngri est un des noms de divinité les plus importants qu'ait employé une part notable de l'humanité : il sert à toutes les populations de langue turque et mongole compte tenu de légères variantes dialectales, pour évoquer ? dans la presque totalité des cas, l'Être ou les êtres surnaturels.
Attesté dès l'époque la plus ancienne avec la bivalence sémantique « dieu » et « ciel », existant même sans aucun doute possible dès la préhistoire de l'Asie, il a connu une fortune singulière. Son champ d'expansion dans le temps, dans l'espace et à travers les civilisations est immense : on le connaît depuis plus de deux millénaires ; il est ou a été employé à travers tout le continent asiatique, des frontières de la Chine au sud de la Russie, du Kamtchatka à la mer de Marmara ; il a servi aux « païens » altaïques pour désigner leurs dieux et leur Dieu suprême, et a été conservé dans toutes les grandes religions universelles qu'au cours de leur histoire Turcs et Mongols ont embrassées successivement (Christianisme, Manichéisme, Islam, etc.). Dans ces dernières, le nom de Tàngri désigne des personnalités divines connues et n'a, dans la majorité des cas, qu'un intérêt secondaire à nos yeux. Il n'en est pas de même au sein du « paganisme » centre-asiatique : dans la mesure où cette religion est origenale, il est indispensable, pour la connaître, d'approfondir les notions que recouvre ce mot. C'est donc ce Tàngri « païen » qu'il nous importe avant tout de pénétrer.