« Revanchisme » : différence entre les versions

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[[Fichier:The Geography Lesson or "The Black Spot".jpg|vignette|400px|<center>[[Albert Bettannier]], ''La tache noire'', 1887. En plus de l'[[Éducation civique|instruction morale et civique]] (qui remplace les cours d'éducation morale et religieuse), la loi du {{date-|28 mars 1882}} met en place {{citation|pour les garçons des exercices militaires}} (et {{citation|pour les filles, les travaux à l'aiguille}}). Sur le tableau, on remarque la carte affichant une tache noire à l'emplacement de l'[[Alsace-Moselle]], l'uniforme de l'élève, celui du [[bataillon scolaire]] de son école, la croix du [[Mérite scolaire]] de l'élève-modèle, le [[Tambour (instrument)|tambour]] à côté du bureau du maître, ainsi que les fusils d'instruction au râtelier.</center>]]
 
Le '''revanchisme''' ou '''esprit de revanche''' correspond à un sentiment [[nationalisme|nationaliste]] entretenu dans l’[[opinion publique]].
 
Sa traduction historique la plus représentative vient des {{page h'|Guerre franco-allemande|trois conflits franco-allemands}}, sur une période s’étalant de 1870 à 1945, durant laquelle le revanchisme a été ressenti de part et d’autre du [[Rhin]], se cristallisant sur lesl'annexion multiplespar [[annexionsl'Allemagne de [[l'Alsace-Lorraine]] . L'Allemagne considérait ce territoire<ref>Plus précisément l'[[Alsace]]-[[Moselle (département)|Moselle]].</ref> comme ethniquement allemand et devant par conséquent faire partie de son empire, tandis que la [[France]] y voyait un territoire français depuis [[Louis XIV]], ayant en outre fourni de nombreux généraux lors de la [[Révolution française]] et dans lequel a été écrit son hymne national : ''[[La Marseillaise]]''.
[[Fichier:Alsace-Lorraine in the German Reich (1871).svg|thumb|400px|[[Fichier:Wappen Mark Brandenburg.png|right|40px|Armoiries des Brandebourg]]Carte représentant l'[[Alsace]]-[[Moselle (département)|Moselle]] (en rouge) et l'[[Empire allemand]] (en beige). A droite, les armoiries de [[Guillaume II d'Allemagne]]<ref>Elles furent placées sur le [[château du Haut-Kœnigsbourg]] lors de sa restauration dans le style médiéval par [[Guillaume II d'Allemagne]]. Symboliquement, cette place forte garde les [[Marche_(juridiction)|marches]] de l’Empire.</ref>.]]
 
== Définition ==
Il s’agit de l’élargissement du sentiment individuel revanchard au plan d’une [[nation]], qui se traduit sur le plan politique<ref>Aujourd’hui, ce rapprochement serait taxé de [[démagogie]]{{refnec}}.</ref> commeet surpar ledes plan d'objectifs [[militariste]]s dans la recherche de ''[[casus belli]]''<ref> {{citation | Il restait dans le cœur français des germes de « revanchisme » ... qui avaient la guerre pour idéal et la chanson de café-concert comme moyen d'action}} in {{Ouvrage | auteur1=Marcel Rouffie | titre=Que vaut l'alliance russe ? | éditeur=Librairie de "Pages Libres" | année=1906 | lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5812936j/f19.image.r=revanchisme?rk=64378;0 | lieu=17 rue Séguier, Paris {{6e}}}}.</ref>. Bien que le revanchisme ne relève pas du domaine d’une [[idéologie]] affirmée, le caractère systématique du rappel des ''contentieux'' dans la [[mémoire collective]] de la population l’érige en volonté marquée ; l’entretien de ce sentiment au cours du temps relève du [[militantisme]] ; pour les militants revanchards, il procède d’une volonté froide et courroucée de maintenir l’animosité envers l’[[wikt:Autre|Autre]] dans l’esprit de leurs compatriotes car une fois les hostilités déclenchées, le climat ambiant, issu de l’esprit de revanche, apporte une puissante mobilisation pour les armées et l’effort de [[guerre]]<ref>Cette mobilisation prend le nom d’[[Union sacrée (mouvement)|Union sacrée]] en France en 1914.</ref>{{refnec}}.
 
:Les chapitres de cet article indiquent les contentieux de chaque période, dont l’existence en arrière-plan est aussi cruciale dans l’engrenage de la guerre que les ''casus belli'' déclencheurs des hostilités. ''Leur évocation montre que le phénomène de l’esprit de revanche procède d’un mécanisme identique quel que soit le pays qui en est animé.''
 
== L’unification allemande (1806-1871) ==
{{Article détaillé|UnitéUnification allemande}}
 
AvecAprès la [[Bataille d'Iéna|défaite prussienne d’Iéna]], en [[1806]], s’est ouvert un cycle de violence mimétique qui alterne [[francophobie]] et [[germanophobie]], une montée aux extrêmes qui conduira plusieurs fois à des guerres majeures entre les deux pays<ref>Thèse centrale du livre de René Girard, ''Achever Clausewitz'', Carnets Nord, Paris, 2007.</ref>.
 
=== Le traumatisme d’Iéna ===
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{{Article connexe|Belle Époque}}
 
Amorce d’une [[francophobie]] en Allemagne : après la défaite et la capture de Napoléon III, l’expression allemande {{lang|de|''[[:{{lien|lang=de:Erbfeind|Erbfeind]]}}''}} (« ennemi héréditaire » en [[allemand]]) devient encore plus populaire. Construction médiatique, la francophobie deviendra générale en Allemagne après la [[Première Guerre mondiale]] à la suite du traité de Versailles puis àde l’occupation de la [[Ruhr (région)|Ruhr]] (Sarre) de 1923. D’un point de vue politique, les élites prussiennes considèrent le [[républicanisme]] émanant de la [[Troisième République (France)|politique française]] de la fin du {{s mini-|XIX|e}} comme un phénomène à abattre.
 
=== Contentieux territorial ===
[[Fichier:Alsace-Lorraine in the German Reich (1871).svg|thumbvignette|400px300px|[[Fichier:Wappen Mark Brandenburg.png|right|40px|Armoiries des Brandebourg]]Carte représentant l'[[Alsace]]-[[Moselle (département)|Moselle]] (en rouge) et l'[[Empire allemand]] (en beige). A droite, les armoiries de [[Guillaume II d'Allemagne]]<ref>Elles furent placées sur le [[château du Haut-KœnigsbourgKoenigsbourg]] lors de sa restauration dans le style médiéval par [[Guillaume II d'Allemagne]]. Symboliquement, cette place forte garde les [[Marche_(juridiction)|marches]] de l’Empire.</ref>.]]
[[Fichier:Alsace_Lorraine.jpg|vignette|gauche|<center>''[[Le Souvenir]]'' par [[Paul Dubois (sculpteur français)|Paul Dubois]], statue à Nancy.</center>]]
[[Fichier:The Geography Lesson or "The Black Spot".jpg|vignette|<center>[[Albert Bettannier]], ''La tache noire'', 1887. En plus de l'[[Éducation civique|instruction morale et civique]] (qui remplace les cours d'éducation morale et religieuse), la loi de 1882 met en place {{citation|pour les garçons des exercices militaires}} (et {{citation|pour les filles, les travaux à l'aiguille}}). Sur le tableau, on remarque l'[[Alsace-Moselle]] en noir, l'uniforme de l'élève, celui du [[bataillon scolaire]] de son école, la croix du [[Mérite scolaire]] de l'élève-modèle, le tambour à côté du bureau du maître, ainsi que les fusils d'instruction au râtelier.</center>]]L’opinion française estime que l'[[Alsace-Lorraine]] est soumise depuis la fin de la [[guerre franco-prussienne]] à un régime oppressif et entretient la nostalgie des provinces perdues<ref>On trouvera une analyse très documentée à ce sujet dans Laurence Turetti, ''Quand la France pleurait l’Alsace-Lorraine (1870-1914 : Les "provinces perdues" aux sources du patriotisme républicain)'', La Nuée Bleue, 2008.</ref>. Ce sentiment est illustré, par exemple, par le chant ''[[Alsace et Lorraine|Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine]]'' connu de tous les Français, par le succès du livre ''[[Le Tour de la France par deux enfants]]'' ou par la déclaration de [[Fustel de Coulanges]], professeur à l’université de Strasbourg, qui déclara le {{date-|27 octobre 1870}} à propos de l’Alsace :
{{Citation bloc|Il se peut que l’Alsace soit allemande par la race et par le langage ; mais par la nationalité et le sentiment de la patrie, elle est française. Et savez-vous ce qui l’a rendue française ? Ce n’est pas [[Louis XIV de France|Louis XIV]], c’est notre [[Révolution française|révolution de 1789]]. Depuis ce moment l’Alsace a suivi toutes nos destinées ; elle a vécu notre vie. Tout ce que nous pensions, elle le pensait ; tout ce que nous sentions, elle le sentait. Elle a partagé nos victoires et nos revers, notre gloire et nos fautes, toutes nos joies et nos douleurs. Elle n’a rien eu de commun avec vous. La patrie, pour elle, c’est la France. L’étranger, pour elle, c’est l’Allemagne<ref>Réponse à [[Theodor Mommsen]] qui avait publié ''Agli Italiani'' publié par Fustel de Coulanges dans la [[Revue des deux Mondes]] en octobre 1870</ref>.}}
 
Toutefois, la volonté de l’opinion de recouvrer ces terres annexées diminue à partir des [[années 1880]], avecaprès l'échec du [[boulangisme]] et la réorientation française vers les [[colonialisme|conquêtes coloniales]]. Même si l'[[incident de Saverne]] secoue l'[[Empire allemand]] et provoque un émoi international autour de la question alsacienne, en 1914, en France, aucun parti politique ne se préoccupe plus directement de « revanche », mais ce sentiment demeure vivace dans une grande partie de la population.
 
=== Humiliation de la galerie des Glaces ===
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=== Contentieux colonial ===
Indépendamment de cette victoire, la nation allemande développe de la convoitise face au phénomène d’expansion territoriale des autres puissances européennes, France et Royaume-Uni en tête etsuivies ensuitede la Belgique. À la veille de la [[Grande Guerre]], 85 % des terres émergées au monde sont sous obédience européenne. Parvenue tardivement dans le concert des nations, l’Allemagne considère avec avidité les [[empires coloniaux]] [[empire britannique|britannique]] et [[Second espace colonial français|français]], qui se sont tailléreprésentent la part du lion dans une compétition consistant en une succession de traités et de guerres apportantsignant la suprématie occidentale sur le monde du {{s-|XIX}}. Écartée dès les premiers temps des [[Grandes découvertes]] du monde, la Confédération germanique est restée accaparée sur le continent par la politique démographique du [[Drang nach Osten]]. L’Allemagne se considère comme injustement exclue de ces partages duen faitraison du poids qu’elle a désormais en Europe et du fait qu’elle s’est aussi érigée en empire<ref>comparer les miettes de l’[[Empire colonial allemand#Débuts de la colonisation allemande|Empire colonial allemand]] aux deux autres sphères d’influence à la même époque. D’autre part, l’incident dit du « [[coup d'Agadir]] » inscrit le registre revanchiste dans la compétition sur les colonies.</ref>. Si l’Allemagne entreprend une [[Coopération sino-germanique (1911-1941)|coopération avec la Chine]] et [[Empire colonial allemand|amorce un Empire colonial]], il ne s’agit jamais que de miettes d’empire.
 
C’est sur la considération de ces lacunes que le ''[[Septemberprogramm]]'' est écrit après la déclaration de guerre de 1914, révélant des objectifs qui restaureraient la suprématie de l’Allemagne en Europe et la constitution d’un Empire colonial en Afrique au détriment des puissances belligérantes alliées britanniques, françaises, belges et portugaises.
 
Toutefois, les rivalités coloniales avaient toujours été résolues par des accords diplomatiques. Elles n'avaient pas entraîné de guerres entre la France et l'Allemagne ou entre la France et le Royaume-Uni après [[Crise de Fachoda|Fachoda]] et pas davantage avec la BelgiquenBelgique qui avait vu reconnaître sa souveraineté sur l’État libre du Congo, fondé par Léopold II, par les puissances européennes, qui se réunirent pour se partager l'Afrique lors de à la conférence de Berlin de 1885.
 
=== Revanchisme entretenu par les institutions ===
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[[Fichier:William Orpen - The Signing of Peace in the Hall of Mirrors.jpg|thumb|right|275px|Signature officielle du [[traité de Versailles]] dans la [[galerie des Glaces]], en 1919. Rapportée à l’image figurant plus haut en 1871, inscrite dans le récit de la fondation nationale, le caractère symbolique du choix de ce lieu n’a échappé à aucun Allemand.<br>''Évènement rendu par le peintre de guerre officiel britannique [[William Orpen]].'']]
 
Il n'y a pas eu de ligne politique officiellement « revancharde » à proprement parler de la part des gouvernements français successifs, et l'ensemble de la classe politique dirigeante n'allait pas au-delà de la fameuse expression que Gambetta avait prononcée en 1872 à propos de l'Alsace-Lorraine : « Y penser toujours, n'en parler jamais »<ref>Rigoulot Pierre, ''L'Alsace-Lorraine pendant la guerre 1939-1945'', {{2e}} éd., Paris, Presses universitaires de France, « {{coll.|[[Que sais-je ? »]]}}, 1997</ref>. Ce dernier a lui-même développé cette position de la politique étrangère française dans son discours de Cherbourg ({{date-|10 août 1880}}) : « Depuis dix ans, il ne nous est pas échappé un mot de jactance ou de témérité. Il est des heures, dans l'histoire des peuples où le droit subit des éclipses, mais, à ces heures sinistres, c'est aux peuples de se faire les maîtres d'eux-mêmes, sans tourner leurs regards exclusivement vers une personnalité. »<ref> René Pinon,''France et Allemagne 1870-1913'', Paris, éd. Perrin, 1913 </ref>.
 
Toutefois, l'obsession de la "EevancheRevanche" et de la récupération de l'Alsace-Lorraine, forte dans les années 1870, s'est beaucoup atténuée à partir des années 1880 et a disparu des perspectives politiques, y compris chez les nationalistes. Même le populisme du général Boulanger exclut catégoriquement toute idée d'une guerre de revanche contre l'Allemagne. Quant aux monarchistes, ils jugent que la République parlementaire est un régime trop faible et trop indécis pour mener une guerre victorieuse<ref>Bertrand Joly, "La France et la Revanche (1871-1914)", ''Revue d’Histoire Modernemoderne & Contemporainecontemporaine'', 1999, n° 46-2, p. 325-347. [https://www.persee.fr/doc/rhmc_0048-8003_1999_num_46_2_1965?fbclid=IwAR1NiNb65-PlEVxMKtVDjnwvq7-vlMPz2UVm7-OcKTCbctT88nqGJgMn0-4 "La France et la Revanche"] [archive].</ref>.
 
L’opinion française reste cependant imprégnée d'un mélange de mauvaise conscience et de nostalgie pour les provinces perdues après la capitulation de 1871 jusqu’au début de la [[Première Guerre mondiale]] en 1914. La diffusion généralisée de ce sentiment d’ordre individuel engendrait des tensions jusqu’au niveau diplomatique<ref>Diplomatie dans le contexte postérieur à la défaite de 1870 ''avec l'[[affaire Schnaebelé]].</ref>.
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Cet état d'esprit faisait partie des programmes pédagogiques : le récit national de l’[[historiographie française]] était orienté sur la prise de conscience que la perte de l’Alsace-Lorraine constituait une atteinte à l’[[intégrité territoriale]] de la patrie : ainsi étaient formées des générations de futurs [[poilu]]s. Cette démarche n’était pas spécifiquement française : l’introduction du film ''[[Joyeux Noël (film)|Joyeux Noël]]'' montre également les chansonnettes [[xénophobe]]s apprises par les écoliers allemands et britanniques, autant de préludes programmés à ce qui devint un massacre de masse.
 
Dans les consciences, la caractéristique revancharde qu’avait prise le patriotisme de l’époque a [[polarisé]] de manière extrême l’opinion publique, qui de l’autre bord politique appréhendait les thèses de l’[[anarchisme]]<ref>chanson populaire et anarchiste ''[[Faut plus d'gouvernement]]''.</ref> : ce clivage fut dangereux pour la paix civile et le climat social.
 
Peut-on dire que la mise à l’écart des dirigeants pacifistes a favorisé la marche à la guerre, en France avec l’[[assassinat de Jean Jaurès]] lors de l’été 1914, en Allemagne avec l’incarcération de [[Rosa Luxemburg]] en 1915 ? Non, aussi brillants que fussent ces penseurs, ils ne pesaient pas lourd face à la mécanique des alliances et des mobilisations. Si Jaurès avait survécu, il aurait assisté impuissant au vote des crédits de guerre par les socialistes allemands. Vraisemblablement, ce patriote de gauche aurait retrouvé les vieux réflexes des révolutionnaires de 1791, qu'il connaissait bien.
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== Entre-deux-guerres ==
{{Article détaillé|Entre-deux-guerres}}
 
[[Fichier:versaillevueparall.jpg|thumb|230px|left|[[Politique étrangère de l'Allemagne#Le Diktat|Le traité de Versailles vu par les Allemands]].]]
 
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=== Du côté des Alliés de 1914-1918 ===
Le traité de Versailles octroyait d'importants dommages de guerre aux pays envahis par l'Allemagne. La Belgique y bénéficiait d'une priorité du fait d'avoir été envahie la première et, surtout, d'avoir été ravagée et dépouillée de ses installations industrielles sur la plus grande partie de son territoire. Cependant, cette indemnisation fut matérialisée non seulement par des livraisons allemandes de matériel et d'équipement. Une action subversive pan-germanique allait aussi se développer en Belgique, dès les années trente, pour noyauter les partis de droite de Flandre en tablant sur les souffrances de soldats flamands présentés comme victimes de l'armée belge, dominée par les francophones durant les quatre années de la Première Guerre mondiale. Les menées nazies touchaient également la droite francophone en tendant à entraver le réarmement belge voulu dans le cadre d'une politique de neutralité. Ce choix belge d'une neutralité forte était voulu par le roi des Belges, [[Léopold III de Belgique|Léopold III]], etsoutenuet soutenu par le gouvernement et le parlement de Bruxelles, qui avaient compris que le pays ne pouvait pas compter sur l'alliance avec les grandes puissances née de la Première Guerre mondiale, les démocraties ayant révélé leur pusillanimité politique en face du réarmement du Reich révélérévélée par l'occupation allemande de la Rhénanie au mépris du traité de Versailles<ref> Histoire de la Belgique, 1914-45, "la politique des mains libres" </ref>.
 
Dès 1918, avant même la tenue du traité de Versailles la Sarre est occupée par la France (mais non annexée alors qu’elle avait été française de Louis XIV à 1815) après la Première Guerre mondiale. Cependant, cette fois le ''contentieux'' se cristallise sur le paiement des réparations demandées lors de l’[[armistice]] par le camp français, faisant valoir le nombre de ses victimes. Le lieu d’infamie, pour les Allemands, est dès 1918, comme auparavant, en 1871, la galerie des Glaces pour les Français, le [[wagon de l'armistice]] du {{date-|11 novembre 1918}}, dans la forêt de Compiègne. Pour effacer ce symbole de leur défaite, les Allemands prirent leur revanche en y imposant en 1940 d'y signer l’[[Armistice du 22 juin 1940|armistice du 22 juin]] dans le même wagon de [[Rethondes]]. Le wagon sera exposé tel un trophée de guerre à la [[porte de Brandebourg]] à [[Berlin]]. Détruit en 1945 lors de la bataille de Berlin, il est remplacé depuis par une réplique, installée à Rethondes.
 
== Après-guerre ==
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=== Du côté français ===
Les quatre années d’occupation allemande en France et la collaboration du régime de Vichy connurent une sorte d’équivalent en Allemagne après la [[Libération (histoire)|Libération]], le gouvernement issu de la [[France libre]] tenant à figurer parmi les Alliés avec une [[Zone d’occupation française en Allemagne|zone d’occupation]] qui lui soit dévolue (centrée sur [[Baden-Baden]]).
 
L’importance de cette reconnaissance visait à faire oublier la période de la collaboration de l’État français de Vichy, à la suite de la [[bataille de France|défaite de 1940]]<ref>Contexte du troisième grand conflit franco-allemand : ''[[L'Étrange Défaite]]'', analyse de la [[débâcle]] française du 10 [[mai 1940]].</ref>.
 
=== Du côté belge ===
L'État belge étant absent à partir de la défaite militaire du {{date-|28 mai 1940}}, le roi [[Léopold III (roi des Belges)|Léopold III]] est sans pouvoir du fait de la constitution belge qui prévoit de suspendre son autorité s'il est privé de la liberté d'exercer sa fonction<ref> Constitution du peuple belge, art. 82. </ref>. En l'occurrence, c'est la situation du roi à partir du {{date-|28 mai}}, jour où il est mis en résidence surveillée sous la tutelle d'un gouverneur allemand. Mais le gouvernement belge parti en exil à Londres, y représentant la Belgique officielle, veut continuer la lutte dans la perspective d'une revanche, au contraire de la France où c'est l'[[régime de Vichy|État]] officiel qui veut collaborer avec l'Allemagne victorieuse et où il n'est pas question, à ce moment-là, de revanche. Au contraire de la collaboration française qui résulte d'un engagement de l’État, la collaboration, en Belgique, est seulement le fait d'individus, comme des financiers et des fonctionnaires, mais aussi de petits partis fascistes ou néo-nazis agissant sans autre légitimité que celle qu'ils se sont donnée en imposant au pays leurs activités pro-allemandes (réquisitions, déportations). Aussi le gouvernement belge exilé à Londres, qui n'a pas traité avec le Reich, rentre-t-il à Bruxelles en 1944 porteur de son pouvoir légitime<ref> Art. 82 de la Constitution du peuple belge qui prescrit que le gouvernement exerce seul le pouvoir exécutif en l'absence de l'autorité royale quand le roi n'est plus en mesure d'apporter son blanc seing aux actes gouvernementaux, mais sous la réserve de l'approbation du parlement lorsque celui-ci est en mesure de siéger librement. </ref> en formulant des exigences qui s'appuient sur le palmarès de la participation des pilotes belges à la bataille d'Angleterre et, dans la suite de la guerre<ref> La bataille d'Angleterre, les pilotes belges et français. </ref>, sur les victoires d'Afrique contre l'Italie<ref>''Bortaï'', Philippe Brousmiche, éd. Gamma, "Inédits". </ref>, sur la lutte de la [[Résistance belge]] à l'intérieur du pays<ref> Dictionnaire de la secondeSeconde guerreGuerre mondiale, la Résistance, pp. 388 et suivantes, éd. André Versaille, 2008. </ref> sur l'activité des réseaux de renseignement<ref>''Dictionnaire de la secondeSeconde guerreGuerre mondiale'', ppp. 378 et suivantes, éd. André Versaille, 2008. </ref> et sur la participation économique du Congo belge à l'effort de guerre allié<ref>''Dictionnaire de la secondeSeconde guerreGuerre mondiale en Belgique, au Congo belge'', ppp. 114-115, « priorité donnée à la production agricole et la production industrielle connaît un essor considérable », ppp. 114-115, éd. André Versaille, 2008. </ref>. Le réarmement commencé en Angleterre dès 1940<ref>''Dictionnaire de la secondeSeconde guerreGuerre mondiale en Belgique'', p. 214 « les forces belges de Grande-Bretagne se reconstituent dès la fin de 1940 à Tenby. » </ref> et la participation de troupes belges aux combats de la libération<ref>''Nos bataillons'', Philippe Brousmiche. </ref> aboutiront à l'installation d'une [[forces belges en Allemagne|zone belge d'occupation militaire]] en Allemagne et à sa transformation en un créneau militaire de l'OTAN s'étendant de la frontière belge au rideau de fer avec Quartier Général à [[Cologne]]. Cet effort considérable reniait la neutralité qui avait été celle de la Belgique de 1936 à 1940 pour lui préférer un engagement militaire et politique dans la politique de ''containment'' anglo-saxonne face à la puissance soviétique. Une façon de prendre une revanche en affirmant la place et la force de la Belgique qui avait été menacée de disparaître durant les deux guerres mondiales.
 
=== Du côté des Pays-Bas ===
La défaite rapide devant l'envahisseur allemand et la perte de l'Indonésie par le fait du Japon avaitavaient laissé le pays sans moyens, même si le gouvernement et la monarchie exilés à Londres purent entamer un effort de soutien financier aux alliésAlliés. En 1945, le pays était rendu exsangue par une dure occupation allemande, les Pays-Bas entreprirent de se relever sans pouvoir revendiquer une place de premier plan dans le réarmement de l'après-guerre.
 
== Postérité ==
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Sur le plan européen, les ennemis d’hier sont devenus amis au travers du couple franco-allemand, moteur de la [[construction européenne]]. Faire ''amende honorable'' afin que le revanchisme fasse partie du passé fut une attitude volontaire et nécessaire dans l’Europe en ruines, d’une portée politique adulte au regard de la comptabilité en millions des pertes humaines de ces conflits.
 
Quelques exemples de réconciliation peuvent être portés au titre de cette collusion nouvelle, qui infirme les idées enflammées d’identités nationales irréconciliables<ref>''confer'' le triste terme de l’« ennemi héréditaire ».</ref> :
# le fait que les représentations d’ambassade prennent des nationaux français ou allemands indifféremment pour expliquer les points de vue en commun que partagent les deux nations sur le plan des [[relations internationales]] ;
# l’expérience, désormais pérenne, de chaîne avec programmes en commun bilingues diffusés dans les deux pays : [[Arte]] ;
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=== Bibliographie ===
* {{articleArticle|langue=fr|prénom1=Jean-Jacques|nom1=Becker|lien auteur1=Jean-Jacques Becker|titre=1905|sous-titre=la menace de guerre est-elle à l'origine d'un renouveau nationaliste ? |périodique= [[Mil neuf cent : Revue d'histoire intellectuelle]] |numéro=19 |titre numéro=Y a-t-il des tournants historiques ? 1905 et le nationalisme |année=2001 |pages=19-26 |lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-mil-neuf-cent-2001-1-page-19.htm}}.
* [[Jean-Marie Carré]], ''Les Écrivains français et le mirage allemand'', Boivin, 1947, [https://www.defnat.com/e-RDN/vue-article.php?carticle=20723&cidrevue=046 présentation en ligne].
* {{Ouvrage|langue=fr |prénom1=Henry |nom1=Contamine |lien auteur=Henry Contamine| titre=La Revanche |sous-titre=1870-1914 |lieu=Paris |éditeur=Berger Levrault |année=1957 |pages totales=280 |présentation en ligne=https://www.persee.fr/doc/abpo_0003-391x_1958_num_65_3_4473_t1_0403_0000_1}}.
* {{article Article|langue=fr|prénom1= Bertrand|nom1=Joly|lien auteur1= |titre= La France et la Revanche (1871-1914)|périodique= [[Revue d'histoire moderne et contemporaine]] |numéro=46-2 |mois=avril-juin |année=1999 |pages=325-347 |lire en ligne= https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k61320494/f87.item}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Laurence |nom1=Turetti |titre=Quand la France pleurait l’Alsace-Lorraine (1870-1914) |sous-titre=les « provinces perdues » aux sources du patriotisme républicain |lieu=Strasbourg |éditeur=La Nuée bleue |année=2008 |pages totales=204 |isbn=978-2-7165-0709-7 |présentation en ligne=https://journals.openedition.org/alsace/450}}.
 
=== Articles connexes ===
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=== Interwikis connexes ===
* {{de}} [[:{{lien|lang=de:|trad=Deutsch-französische Erbfeindschaft|Deutsch-französischefr=Hostilité Erbfeindschaft]]héréditaire franco-allemande}}
* {{en}} [[:en:French-German enmity|French-German enmity]]
 
{{Palette|Nationalisme|Diplomatie des grandes puissances (1871-1913)|Diplomatie des grandes puissances (1919-1939)}}
{{Portail|<!--Empire allemand|République de Weimar|nazisme|-->Allemagne|France|histoire<!--|Alsace-->|chanson|nationalisme}}
 
[[Catégorie:Histoire contemporaine de l'Allemagne]]
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