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« Giovanni Papini » : différence entre les versions

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{{voir homonymes|Papini}}
{{voir homonymes|Papini}}
{{Infobox biographie2
{{Ebauche|écrivain italien}}
| charte = écrivain
{{Infobox Écrivain
| lieu de naissance = [[Florence]], {{Royaume d'Italie (1861-1946)}}
| nom = Giovanni Papini
| image = Picture of Giovanni Papini.jpg
| lieu de décès = [[Venise]], {{Italie}}
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| date de naissance =9 janvier 1881
| lieu de naissance = [[Florence]], [[Toscane]], [[Italie]]
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'''Giovanni Papini''', né à [[Florence]] le [[9 janvier]] [[1881]] et mort le [[8 juillet]] [[1956]], est un [[écrivain]] [[italie]]n. Son œuvre, à la tonalité satirique, continue d'être étudiée en Italie et en France<ref>Maria Pia De Paulis-Dalembert, Giovanni Papini : Culture et identité, Toulouse PU Mirail</ref>, bien que sa personnalité soit controversée en raison de ses rapports avec le [[fascisme]].
'''Giovanni Papini''', né à [[Florence]] le {{date|9 janvier 1881}} et mort le {{date|8 juillet 1956}}, est un [[écrivain]] [[italie]]n. Son œuvre, à la tonalité satirique, continue d'être étudiée en Italie et en France<ref>Maria Pia De Paulis-Dalembert, ''Giovanni Papini : Culture et identité'', Toulouse, PU Mirail.</ref>, bien que sa personnalité soit controversée en raison de ses rapports avec le [[fascisme]]<ref>{{Article |langue= it|auteur= |titre= Papini «bocciato» al Nobel per i trascorsi fascisti|périodique= [[il Giornale]]|date= 30/12/2006|pages= |lire en ligne= https://www.ilgiornale.it/news/papini-bocciato-nobel-i-trascorsi-fascisti.html|consulté le=28 juin 2020 }}.</ref> à partir de 1935.

Il est le grand-père de l'actrice [[Ilaria Occhini]] (1934-2019).


== Biographie ==
== Biographie ==
Fils de Luigi Papini, un artisan républicain et anticlérical qui avait combattu sous les ordres de [[Giuseppe Garibaldi (homme politique)|Garibaldi]], et d'Erminia Cardini, Giovanni se passionne dès l'enfance pour la lecture littéraire et scientifique, en particulier le [[positivisme]], l'idéologie dominante de la fin du {{s|XIX|e}}<ref>Sandro Brioisi, [http://www.universalis.fr/encyclopedie/T626536/PAPINI_G.htm Giovanni Papini], universalis.fr</ref>. Il devient instituteur, et fonde en [[1903]] avec Giuseppe Prezzolini la revue ''{{lang|it|Leonardo}}'' ; il contribue également à la revue ''Il Regno'', dirigée par le nationaliste [[Enrico Corradini]]. Quatre ans plus tard, il publie ''Le crépuscule de la philosophie'' (''{{lang|it|Il crepuscolo dei filosofi}}''), manifeste dans lequel Papini proclame la mort de la philosophie, et ''Le pilote aveugle'' (''{{lang|it|Il pilota cieco}}''), un recueil de nouvelles. Toujours en 1907, en raison d'un désaccord avec les autres collaborateurs de la revue, la parution de ''Leonardo'' s'interrompt. C'est à cette époque que Papini épouse Giacinta Giovagnoli.
Fils de Luigi Papini, un [[Artisanat|artisan]] [[Républicanisme|républicain]] et [[Anticléricalisme|anticlérical]] qui avait combattu sous les ordres de [[Giuseppe Garibaldi (homme politique)|Garibaldi]], et d'Erminia Cardini, Giovanni se passionne dès l'enfance pour la lecture littéraire et scientifique, en particulier le [[positivisme]], l'idéologie dominante de la fin du {{s|XIX|e}}<ref>Sandro Brioisi, [http://www.universalis.fr/encyclopedie/T626536/PAPINI_G.htm Giovanni Papini], universalis.fr</ref>. Il devient instituteur, et fonde en [[1903]] avec [[Giuseppe Prezzolini]] la revue ''[[Leonardo (revue italienne)|Leonardo]]'' ; il contribue également à la revue ''Il Regno'', dirigée par le nationaliste [[Enrico Corradini]]. Quatre ans plus tard, il publie ''Le crépuscule de la philosophie'' (''{{lang|it|Il crepuscolo dei filosofi}}''), manifeste dans lequel Papini proclame la mort de la philosophie, et ''Le pilote aveugle'' (''{{lang|it|Il pilota cieco}}''), un recueil de nouvelles. Toujours en 1907, en raison d'un désaccord avec les autres collaborateurs de la revue, la parution de ''Leonardo'' s'interrompt. C'est à cette époque que Papini épouse Giacinta Giovagnoli.


En 1911, il fonde avec [[Giovanni Amendola]] une nouvelle revue, ''{{lang|it|L'Anima}}'', qui ne paraît que jusqu'en 1913. Dans ''{{lang|it|Le memorie d'Iddio}}'', en 1912, Papini exprime avec violence son nihilisme et son rejet du christianisme ; il déclenche un scandale en laissant entendre que Jésus et l'apôtre Jean pourraient avoir entretenu une relation homosexuelle. La même année est publiée son autobiographie, ''Un homme fini'' (''{{lang|it|Un uomo finito}}''), qui reste une des plus connues de ses œuvres. De 1913 à 1915, il dirige la revue ''{{lang|it|Lacerba}}''. Papini écrit également quelques recueils poétiques ; c'est sans doute en [[1920]] qu'il se convertit au catholicisme, et l'année suivante, sa ''Vie du Christ'' (''{{lang|it|Storia di Cristo}}'') est un best-seller dans sa traduction en langue anglaise, ''{{lang|en|The Life of the Christ}}''.
En 1911, il fonde avec [[Giovanni Amendola]] une nouvelle revue, ''{{lang|it|L'Anima}}'', qui ne paraît que jusqu'en 1913. Dans ''{{lang|it|Le memorie d'Iddio}}'', en 1912, Papini exprime avec violence son nihilisme et son rejet du christianisme ; il déclenche un scandale en laissant entendre que Jésus et l'apôtre Jean pourraient avoir entretenu une relation homosexuelle. La même année est publiée son autobiographie, ''Un homme fini'' (''{{lang|it|Un uomo finito}}''), qui reste une des plus connues de ses œuvres. De 1913 à 1915, il dirige la revue ''{{lang|it|Lacerba}}''. Papini écrit également quelques recueils poétiques ; c'est sans doute en [[1920]] qu'il se convertit au catholicisme, et l'année suivante, sa ''Vie du Christ'' (''{{lang|it|Storia di Cristo}}'') est un succès dans sa traduction en [[Anglais|langue anglaise]], ''{{lang|en|The Life of the Christ}}''.


En 1931, Papini publie un roman, ''[[Gog (roman)|Gog]]'', qui met en scène un vieillard richissime et nihiliste, collectionnant les hommes vivants. Ce personnage est réutilisé par les auteurs de la bande-dessinée ''[[La Brigade chimérique]]'' (2009-2010), qui convoquent différentes figures de super-héros et de super-vilains « primitifs » de la littérature fantastique d'avant-guerre.
En 1931, Papini publie un roman, ''[[Gog (roman)|Gog]]'', qui met en scène un vieillard richissime et nihiliste, collectionnant les hommes vivants. Ce personnage est réutilisé par les auteurs de la bande-dessinée ''[[La Brigade chimérique]]'' (2009-2010), qui convoquent différentes figures de super-héros et de super-vilains « primitifs » de la littérature fantastique d'avant-guerre.


Progressivement Papini se rapproche du [[fascisme]] à partir de 1935, tout en refusant une [[Chaire universitaire|chaire]] de [[littérature italienne]] à l'[[Université de Bologne]] mais conserve une aversion pour le [[nazisme]] comme le 26 mars 1942, lorsqu'il prit la parole à la conférence de l'Union européenne des écrivains à Weimar<ref>{{Article |prénom1=S. |nom1=Jordan |titre="Dichte, Dichter, tage nicht!" Die Europaische Schriftsteller-Vereinigung in Weimar 1941-1948. Von Frank-Rutger Hausmann. Frankfurt am Main: Klostermann, 2004. 409 Seiten + CD.  39,00. |périodique=Monatshefte |volume=XCVII |numéro=3 |date=2005-09-01 |issn=0026-9271 |issn2=1934-2810 |doi=10.3368/m.xcvii.3.576 |lire en ligne=http://dx.doi.org/10.3368/m.xcvii.3.576 |consulté le=2021-10-19 |pages=576–578 }}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=Wayback Machine |url=https://web.archive.org/web/20061031202614/http://www.disp.let.uniroma1.it/fileservices/filesDISP/011-017_ANGELINI.pdf |site=web.archive.org |date=2006-10-31 |consulté le=2021-10-19}}.</ref> avec un discours sur l'importance des valeurs humanistes chrétiennes<ref>{{Lien web |langue=it-IT |titre=PAPINI, Giovanni in "Dizionario Biografico" |url=https://www.treccani.it/enciclopedia/giovanni-papini_(Dizionario-Biografico) |site=www.treccani.it |consulté le=2021-10-19}}.</ref>. En 1937, Il dédie le premier volume de son ''Histoire de la littérature italienne'' à [[Benito Mussolini|Mussolini]] avec une dédicace ; « ''au Duce, ami de la poésie et des poètes'' ».
Progressivement Papini se rapproche du [[fascisme]]. Il dédie le premier volume de son ''Histoire de la littérature italienne'' à [[Benito Mussolini|Mussolini]] en ces termes : « au Duce, ami de la poésie et des poètes ». Il se déclare en outre favorable aux mesures antisémites prises par le régime fasciste. Depuis 1942, il était vice-président de ''La Société Européenne des Écrivains''<ref>''{{lang|de|"Dichte, Dichter, tage nicht!" - Die Europäische Schriftsteller-Vereinigung in Weimar 1941-1948}}'', {{lang|de|Frank-Rutger Hausmann}}, 2004, {{ISBN|3465032950}}, {{p.|210}}</ref>. Lorsque celui-ci s'effondre, en 1943, Papini se réfugie dans un couvent franciscain, à [[Verna]].


Après la [[Seconde Guerre mondiale]], largement discrédité, il reste soutenu par les mouvements politiques catholiques de droite et surtout d'extrême-droite, et publie plusieurs essais. Il collabore également jusqu'à sa mort au ''{{lang|it|[[Corriere della Sera]]}}''.
Depuis 1942, il était vice-président de ''La Société européenne des Écrivains''<ref>''{{lang|de|"Dichte, Dichter, tage nicht!" - Die Europäische Schriftsteller-Vereinigung in Weimar 1941-1948}}'', {{lang|de|Frank-Rutger Hausmann}}, 2004 {{ISBN|3465032950}}, {{p.|210}}.</ref>. Lorsque celui-ci s'effondre, en 1943, Papini se réfugie dans un [[Sanctuaire de l'Alverne|couvent franciscain à Verna]]. Après la [[Seconde Guerre mondiale]], discrédité comme bon nombre d'autres intellectuels ayant été liés au fascisme, il reste soutenu par les mouvements politiques catholiques de droite et publie plusieurs essais. Il collabore également jusqu'à sa mort au ''{{lang|it|[[Corriere della Sera]]}}''. Le poète et intellectuel [[Eugenio Montale]], antifascistes de la première heure, a commenté de manière élogieuse le décès de l'écrivain florentin avec les mots suivants : « Une figure unique, irremplaçable, à qui nous devons tous quelque chose de nous-mêmes »<ref>{{Ouvrage|langue=Italien|auteur1=Gloria Manghetti|titre=Pour Giovanni Papini
À l'occasion du 50e anniversaire de la mort de l'écrivain (1956-2006)|passage=100|lieu=Florence|éditeur=Società Editrice Fiorentina|date=2008|pages totales=P.136|isbn=978-88-6032-088-9|consulté le=19/10/21}}.</ref>. Quant à lui, [[Jorge Luis Borges]] dira des années plus tard : « ''Je soupçonne Papini d'avoir été injustement oublié'' »<ref>{{Article |prénom1=Daniel |nom1=Attala |titre=La Bible dans le miroir des Mille et Une Nuits |périodique=ThéoRèmes |numéro=14 |date=2019-08-16 |issn=1664-0136 |doi=10.4000/theoremes.2592 |lire en ligne=http://dx.doi.org/10.4000/theoremes.2592 |consulté le=2021-10-19 }}.</ref>.


== La « confession » de Picasso ==
== La « confession » de Picasso ==
En 1952, Papini publie ''{{lang|it|Il Libro Nero – Nuovo diario di Gog}}'', un roman [[satirique]] qui est la suite de [[Gog (roman)|Gog]], et qui contient des interviews imaginaires de personnages célèbres : [[Kafka]], [[Tolstoi]], [[Freud]], [[Molotov]], [[Hitler]], [[Cervantes]], [[Goethe]], [[William Blake]], [[Robert Browning]]<ref>[http://archive.spectator.co.uk/article/2nd-may-1998/27/fake-picasso « Fake Picasso »], ''The Spectator''.</ref>…
En 1952, à [[Rome]], le ''{{lang|it|Libro Nero}}'' publie une « confession » que le peintre [[Pablo Picasso]] aurait délivrée à Papini :
{{Citation bloc|Du moment que l'art n'est plus l'aliment qui nourrit les meilleurs, l'artiste peut exercer son talent en toutes les tentatives de nouvelles formules, en tous les caprices de la fantaisie, en tous les expédients du charlatanisme intellectuel. Dans l'art, le peuple ne cherche plus consolation et exaltation, mais les raffinés, les riches, les oisifs, les distillateurs de quintessence cherchent le nouveau, l'étrange, l'original, l'extravagant, le scandaleux. Et moi-même, depuis le cubisme et au-delà, j'ai contenté ces maîtres et ces critiques, avec toutes les bizarreries changeantes qui me sont passées en tête, et moins ils le comprenaient et plus ils m'admiraient. A force de m'amuser à tous ces jeux, à toutes ces fariboles, à tous ces casse-tête, rébus et arabesques, je suis devenu célèbre et très rapidement. Et la célébrité signifie pour un peintre : ventes, gains, fortune, richesse. Et aujourd'hui, comme vous savez, je suis célèbre, je suis riche. Mais quand je suis seul à seul avec moi-même, je n'ai pas le courage de me considérer comme un artiste dans le sens grand et antique du mot. Ce furent de grands peintres que Giotto, le Titien, Rembrandt et Goya ; je suis seulement un amuseur public qui a compris son temps et a épuisé le mieux qu'il a pu l'imbécillité, la vanité, la cupidité de ses contemporains. C'est une amère confession que la mienne, plus douloureuse qu'elle ne peut sembler, mais elle a le mérite d'être sincère<ref>''L'écritoire'', décembre 1990-janvier 1991, fiche {{numéro}}1150</ref>.}}
Cependant, aux dires d'une lettre envoyée par un certain Richard Dorment au journal britannique ''{{lang|en|[[The Spectator (1828)|The Spectator]]}}'', l'[[OTAN]] aurait incité Papini en 1951 à publier ce faux document afin d'entacher la réputation de l'artiste à cause de ses positions ouvertement [[Communisme|communistes]]. Quelques années plus tard, en 1962, Picasso aurait demandé à son biographe [[Pierre Daix]] de mettre au jour la supercherie, ce qu'il aurait fait dans ''[[Les Lettres françaises]]''<ref>{{en}} [http://www.artnet.com/magazine_pre2000/news/cfinch/cfinch6-10-98.asp Chronique « The Royal Flush » de Charlie Finch] pour la revue électronique Artnet.</ref>.


Ce roman relate entre autres une « confession » du peintre [[Pablo Picasso]] :
== Citations ==
{{Citation bloc|Du moment que l'art n'est plus l'aliment qui nourrit les meilleurs, l'artiste peut exercer son talent en toutes les tentatives de nouvelles formules, en tous les caprices de la fantaisie, en tous les expédients du charlatanisme intellectuel. Dans l'art, le peuple ne cherche plus consolation et exaltation, mais les raffinés, les riches, les oisifs, les distillateurs de quintessence cherchent le nouveau, l'étrange, l'original, l'extravagant, le scandaleux. Et moi-même, depuis le cubisme et au-delà, j'ai contenté ces maîtres et ces critiques, avec toutes les bizarreries changeantes qui me sont passées en tête, et moins ils le comprenaient et plus ils m'admiraient. À force de m'amuser à tous ces jeux, à toutes ces fariboles, à tous ces casse-tête, rébus et arabesques, je suis devenu célèbre et très rapidement. Et la célébrité signifie pour un peintre : ventes, gains, fortune, richesse. Et aujourd'hui, comme vous savez, je suis célèbre, je suis riche. Mais quand je suis seul à seul avec moi-même, je n'ai pas le courage de me considérer comme un artiste dans le sens grand et antique du mot. Ce furent de grands peintres que Giotto, le Titien, Rembrandt et Goya ; je suis seulement un amuseur public qui a compris son temps et a épuisé le mieux qu'il a pu l'imbécillité, la vanité, la cupidité de ses contemporains. C'est une amère confession que la mienne, plus douloureuse qu'elle ne peut sembler, mais elle a le mérite d'être sincère<ref>''L'écritoire'', décembre 1990-janvier 1991, fiche {{numéro}}1150.</ref>.}}
{{Citation bloc|Je soupçonne Papini d'avoir été injustement oublié. J'avais onze ou douze ans quand, dans un quartier périphérique de Buenos Aires, j'ai lu Papini, ''Le Tragique quotidien'' et ''Le Pilote aveugle'', dans une mauvaise traduction espagnole. Aujourd'hui en le relisant, je découvre des fables que je croyais avoir inventées et que j'ai réélaborées à d'autres points de l'espace et du temps. Plus important encore, j'ai découvert une ambiance identique à celle de mes fictions. Comme Poe, qui fut sans doute l'un de ses maîtres, Giovanni Papini ne veut pas que ses récits fantastiques apparaissent réels. Dès le début, le lecteur ressent l'ambiance irréelle de chacune de ces histoires. J'ai cité Poe. Nous pourrions ajouter que cette tradition est celle des romantiques allemands et des Mille et une nuits{{Référence nécessaire|date=janvier 2012}}.|[[Jorge Luis Borges]]}}


L'historien de l'art [[Richard Dorment]] explique, dans une lettre au journal britannique ''{{lang|en|[[The Spectator (1828)|The Spectator]]}}'', que [[Franco]] puis l'[[OTAN]] auraient utilisé cet extrait, repris au premier degré par plusieurs journaux, afin d'entacher la réputation de l'artiste à cause de ses positions ouvertement [[Communisme|communistes]]. Quelques années plus tard, en 1962, Picasso aurait demandé à son biographe [[Pierre Daix]] de mettre au jour la supercherie, ce qu'il aurait fait dans ''[[Les Lettres françaises]]''<ref>{{en}} [http://www.artnet.com/magazine_pre2000/news/cfinch/cfinch6-10-98.asp Chronique « The Royal Flush » de Charlie Finch] pour la revue électronique Artnet.</ref>. Le magazine [[Life]] a publié en 1969 un correctif à ce sujet<ref>
{{Citation bloc|Il est un champion de la primauté des forces spirituelles et de la mission civilisatrice de l'Italie<ref>{{Milza L'Europe en chemise noire Flammarion 2004 |numéro chapitre={{rom|IV}} |titre chapitre=Le néo-fascisme en Italie du début des années 1950 à la fin des années 1970 |passage=95}}.</ref>.|[[Julius Evola]]}}
[https://books.google.fr/books?id=rFIEAAAAMBAJ&pg=PA18&dq="Apology for a False Picasso 'Quote'" Apology for a False Picasso 'Quote'], Life, sur Google Livres.</ref>.

{{Citation bloc|Pourtant, après tout ce gâchis de temps et d’esprit et de talent [dépensé dans les entreprises tendant à rabaisser le Christ ou à l’effacer de l’histoire], le Christ n’a toujours pas été expulsé de la terre. Sa mémoire est partout. Sur les murs des églises et des écoles, au sommet des clochers, des tabernacles et des montagnes, à la tête des lits et des tombeaux, des millions de croix rappellent la mort du Crucifié. Décollez les fresques des églises, enlevez les tableaux des autels et des maisons, et la vie du Christ remplira les musées et les galeries d’art. jetez au feu les missels, les bréviaires et les eucologes et vous retrouverez son nom et ses paroles dans tous les livres de toutes les littératures. Les blasphèmes eux-mêmes sont un souvenir involontaire de sa présence. Quoi que l’on fasse, le Christ est une fin et un début, un abîme de mystères divins au milieu de deux tronçons d’histoire humaine. La Gentilité et la Chrétienté ne pourront plus jamais se souder l’une à l’autre. Avant le Christ et après le Christ. Notre ère, notre civilisation, notre vie commencent avec la naissance du Christ. Ce qui a été avant lui, nous pouvons le rechercher et le connaître, mais il ne nous appartient plus, il est marqué par d’autres chiffres, circonscrit dans d’autres systèmes, il ne remue plus nos passions : c’est peut-être beau, mais c’est mort. César a fait, en son temps, plus de bruit que Jésus, et Platon enseignait plus de sciences que le Christ. On dispute encore de l’un et de l’autre, mais qui s’échauffe pour ou contre César ? Et où sont, aujourd’hui, les platonistes et les antiplatonistes ? Le Christ, en revanche, est toujours vivant en nous. Il y en a encore qui l’aiment, et d’autres qui le haïssent. Il y a une passion pour la passion du Christ et une passion pour le détruire. Et l’acharnement de beaucoup contre lui dit clairement qu’il n’est pas encore mort. Ceux-là mêmes qui se damnent pour nier sa doctrine et son existence passent leur vie à rappeler son nom. Nous vivons dans l’ère chrétienne. Et elle n’est pas finie. Pour comprendre notre monde, notre vie, pour nous comprendre nous-mêmes, il faut se reporter à lui ». ''L’histoire du Christ'' (écrit en 1921), Ed. De Fallois (2010), p. 30.}}


== Œuvres choisies ==
== Œuvres choisies ==
* ''Histoire du Christ''. Traduit de l'italien par Paul-Henri Michel. Paris, Payot & Cie, 1922. Réédité par les Éditions De Fallois, [[Éditions L'Âge d'Homme|L'Âge d'Homme]] (2010), traduit de l'italien par [[Gérard Genot]], préface de François Livi, Professeur à la Sorbonne.
{{...}}
* ''Le Crépuscule des philosophes : Kant, Hegel, Comte, Spencer, Nietzsche'', Paris, [[Éditions Chiron|Étienne Chiron]], 1922.
* ''Histoire du Christ''. Traduit de l'italien par Paul-Henri Michel. Paris, Payot & Cie, 1922. Réédité par les Éditions De Fallois, L'Âge d'Homme (2010), traduit de l'italien par Gérard Genot, préface de François Livi, Professeur à la Sorbonne.
* ''Le Démon m'a dit''. Traduit de l'italien par Paul-Henri Michel. Paris, Payot, 1923.
* ''Le Démon m'a dit''. Traduit de l'italien par Paul-Henri Michel. Paris, Payot, 1923.
* ''Un homme fini''. Traduit de l'italien par Henry R. Chazel. Avec une introduction de [[Paul Guiton]] et un portrait de l'auteur. Paris, Librairie Académique Perrin, 1923.
* ''Un homme fini''. Traduit de l'italien par Henry R. Chazel. Avec une introduction de [[Paul Guiton]] et un portrait de l'auteur. Paris, Librairie Académique Perrin, 1923.
* ''Saint Augustin''. Traduit de l'italien par Paul-H. Michel. Paris, Plon (Le Roseau d'Or), 1930.
* ''Saint Augustin''. Traduit de l'italien par Paul-H. Michel. Paris, Plon (Le Roseau d'Or), 1930.
* ''Gog''. Traduit de l'italien par René Patris. Paris, Flammarion, 1932.
* ''[[Gog (roman)|Gog]]''. Traduit de l'italien par René Patris. Paris, [[Groupe Flammarion|Flammarion]], 1932.
* ''Dante vivant''. Traduit de l'italien par Juliette Bertrand. Paris, Bernard Grasset, 1934.
* ''Dante vivant''. Traduit de l'italien par Juliette Bertrand. Paris, Bernard Grasset, 1934.
* ''Les témoins de la passion. Sept légendes évangéliques''. Traduit de l'italien par Fernand Hayward. Paris, Bernard Grasset, 1938.
* ''Les témoins de la passion. Sept légendes évangéliques''. Traduit de l'italien par Fernand Hayward. Paris, [[Bernard Grasset (éditeur)|Bernard Grasset]], 1938.
* ''Visages découverts, suivi de : Le sac de l'ogre''. Traduit de l'italien par Georges Petit. Paris, Éditions Charles Dessart, 1942.
* ''Visages découverts, suivi de : Le sac de l'ogre''. Traduit de l'italien par Georges Petit. Paris, Éditions Charles Dessart, 1942.
* ''Lettres aux hommes du pape Célestin VI''. Traduit de l'italien par Juliette Bertrand. Préface de [[Marcel Brion]]. Paris, Éditions du Pavois (Bibliothèque Internationale), 1948.
* ''Lettres aux hommes du pape Célestin VI''. Traduit de l'italien par Juliette Bertrand. Préface de [[Marcel Brion]]. Paris, [[Éditions du Pavois]] (Bibliothèque Internationale), 1948.
* ''Michel-Ange''. Traduit de l'italien par Fernand Hayward. Paris, Flammarion, 1950.
* ''Michel-Ange''. Traduit de l'italien par Fernand Hayward. Paris, Flammarion, 1950.
* ''Le livre noir''. Traduit de l'italien par [[Julien Luchaire]]. Paris, Flammarion, 1953.
* ''Le livre noir''. Traduit de l'italien par [[Julien Luchaire]]. Paris, Flammarion, 1953.
* ''Le Diable''. Traduit de l'italien par René Patris. Paris, Flammarion, 1954.
* ''Le Diable''. Traduit de l'italien par René Patris. Paris, Flammarion, 1954.
* ''La seconde naissance''. Adapté de l'italien par Philippe Marceliaire. Préface de [[Daniel-Rops]]. Paris, Éditions du Centurion, 1962.
* ''La seconde naissance''. Adapté de l'italien par Philippe Marceliaire. Préface de [[Daniel-Rops]]. Paris, Éditions du Centurion, 1962.
* {{Ouvrage|titre=La Vie de Personne|lieu=Paris|éditeur=Allia|lien éditeur=éditions Allia|date=2009|pages totales=48|isbn=9782844852984}}
* ''La Vie de personne''. Allia, 2009.
* ''Concerto fantastique : toutes les nouvelles''. Éditions l'Âge d'Homme, 2010.
* ''Concerto fantastique : toutes les nouvelles''. Éditions l'Âge d'Homme, 2010.
* {{Ouvrage|traducteur=Sonia Broyart Fabienne Lesage|titre=Les Imbéciles|lieu=Paris|éditeur=Allia|lien éditeur=éditions Allia|date=2016|pages totales=48|isbn=9791030404296}}
* ''Les imbéciles''. Allia, 2016.

== Prix ==
En 1958, Papini recevra à titre posthume le Prix de la mémoire « La plume d'or »<ref>{{Article |prénom1=Jeff |nom1=Moronvalle |titre=Le Recueil Ferriol (1714) et la mode des turqueries |périodique=Dix-huitième siècle |volume=44 |numéro=1 |date=2012 |issn=0070-6760 |issn2=1760-7892 |doi=10.3917/dhs.044.0425 |lire en ligne=http://dx.doi.org/10.3917/dhs.044.0425 |consulté le=2021-10-19 |pages=425 }}.</ref>.


== Études ==
== Études ==
* Roberto RIDOLFI, ''L'étonnant monsieur Papini''. Traduit de l'italien par Marcelle Bourrette-Serre. Préface de [[Daniel-Rops]]. Paris, Librairie Arthème Fayard (Bibliothèque Ecclesia), 1959.
* Roberto Ridolfi, ''L'étonnant monsieur Papini''. Traduit de l'italien par Marcelle Bourrette-Serre. Préface de [[Daniel-Rops]]. Paris, Librairie Arthème Fayard (Bibliothèque Ecclesia), 1959.
* Vintila HORIA, ''Giovanni Papini''. Paris, Wesmael-Charlier (Conversions Célèbres), 1963.
* [[Vintila Horia]], ''Giovanni Papini''. Paris, Wesmael-Charlier (Conversions Célèbres), 1963.
* Janvier LOVREGLIO, ''Une odyssée intellectuelle entre Dieu et Satan. Giovanni Papini (1881-1956)''. Tome 1 : ''L'homme''. Tome 2 : ''La pensée''. Tomes 3 & 4 : ''L'écrivain''. Paris, Éditions P. Lethielleux, 1973-1975-1978-1981.
* Janvier Lovreglio, ''Une odyssée intellectuelle entre Dieu et Satan. Giovanni Papini (1881-1956)''. Tome 1 : ''L'homme''. Tome 2 : ''La pensée''. Tomes 3 & 4 : ''L'écrivain''. Paris, Éditions P. Lethielleux, 1973-1975-1978-1981.
* Le 17 mars 1994, France-Culture diffuse "Une vie une œuvre" consacrée à Giovanni Papini, produite par Catherine Soullard.
* Le {{date-|17 mars 1994}}, [[France Culture]] diffuse « Une vie une œuvre » consacrée à Giovanni Papini, produite par [[Catherine Soullard]].
* Maria Pia De PAULIS-DALEMBERT, ''Giovanni Papini : Culture et identité''. Toulouse, Presses de l'Université du Mirail, 2007.
* Maria Pia De Paulis-Dalembert, ''Giovanni Papini : Culture et identité''. Toulouse, Presses de l'Université du Mirail, 2007.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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== Liens externes ==
== Liens externes ==
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Giovanni Papini
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 75 ans)
Venise, Drapeau de l'Italie Italie
Sépulture
Nationalité
Activités
Autres informations
Ordre religieux
Membre de
Genre artistique
Distinction
Prix Marzotto (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
signature de Giovanni Papini
Signature
Vue de la sépulture.

Giovanni Papini, né à Florence le et mort le , est un écrivain italien. Son œuvre, à la tonalité satirique, continue d'être étudiée en Italie et en France[1], bien que sa personnalité soit controversée en raison de ses rapports avec le fascisme[2] à partir de 1935.

Il est le grand-père de l'actrice Ilaria Occhini (1934-2019).

Fils de Luigi Papini, un artisan républicain et anticlérical qui avait combattu sous les ordres de Garibaldi, et d'Erminia Cardini, Giovanni se passionne dès l'enfance pour la lecture littéraire et scientifique, en particulier le positivisme, l'idéologie dominante de la fin du XIXe siècle[3]. Il devient instituteur, et fonde en 1903 avec Giuseppe Prezzolini la revue Leonardo ; il contribue également à la revue Il Regno, dirigée par le nationaliste Enrico Corradini. Quatre ans plus tard, il publie Le crépuscule de la philosophie (Il crepuscolo dei filosofi), manifeste dans lequel Papini proclame la mort de la philosophie, et Le pilote aveugle (Il pilota cieco), un recueil de nouvelles. Toujours en 1907, en raison d'un désaccord avec les autres collaborateurs de la revue, la parution de Leonardo s'interrompt. C'est à cette époque que Papini épouse Giacinta Giovagnoli.

En 1911, il fonde avec Giovanni Amendola une nouvelle revue, L'Anima, qui ne paraît que jusqu'en 1913. Dans Le memorie d'Iddio, en 1912, Papini exprime avec violence son nihilisme et son rejet du christianisme ; il déclenche un scandale en laissant entendre que Jésus et l'apôtre Jean pourraient avoir entretenu une relation homosexuelle. La même année est publiée son autobiographie, Un homme fini (Un uomo finito), qui reste une des plus connues de ses œuvres. De 1913 à 1915, il dirige la revue Lacerba. Papini écrit également quelques recueils poétiques ; c'est sans doute en 1920 qu'il se convertit au catholicisme, et l'année suivante, sa Vie du Christ (Storia di Cristo) est un succès dans sa traduction en langue anglaise, The Life of the Christ.

En 1931, Papini publie un roman, Gog, qui met en scène un vieillard richissime et nihiliste, collectionnant les hommes vivants. Ce personnage est réutilisé par les auteurs de la bande-dessinée La Brigade chimérique (2009-2010), qui convoquent différentes figures de super-héros et de super-vilains « primitifs » de la littérature fantastique d'avant-guerre.

Progressivement Papini se rapproche du fascisme à partir de 1935, tout en refusant une chaire de littérature italienne à l'Université de Bologne mais conserve une aversion pour le nazisme comme le 26 mars 1942, lorsqu'il prit la parole à la conférence de l'Union européenne des écrivains à Weimar[4],[5] avec un discours sur l'importance des valeurs humanistes chrétiennes[6]. En 1937, Il dédie le premier volume de son Histoire de la littérature italienne à Mussolini avec une dédicace ; « au Duce, ami de la poésie et des poètes ».

Depuis 1942, il était vice-président de La Société européenne des Écrivains[7]. Lorsque celui-ci s'effondre, en 1943, Papini se réfugie dans un couvent franciscain à Verna. Après la Seconde Guerre mondiale, discrédité comme bon nombre d'autres intellectuels ayant été liés au fascisme, il reste soutenu par les mouvements politiques catholiques de droite et publie plusieurs essais. Il collabore également jusqu'à sa mort au Corriere della Sera. Le poète et intellectuel Eugenio Montale, antifascistes de la première heure, a commenté de manière élogieuse le décès de l'écrivain florentin avec les mots suivants : « Une figure unique, irremplaçable, à qui nous devons tous quelque chose de nous-mêmes »[8]. Quant à lui, Jorge Luis Borges dira des années plus tard : « Je soupçonne Papini d'avoir été injustement oublié »[9].

La « confession » de Picasso

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En 1952, Papini publie Il Libro Nero – Nuovo diario di Gog, un roman satirique qui est la suite de Gog, et qui contient des interviews imaginaires de personnages célèbres : Kafka, Tolstoi, Freud, Molotov, Hitler, Cervantes, Goethe, William Blake, Robert Browning[10]

Ce roman relate entre autres une « confession » du peintre Pablo Picasso :

« Du moment que l'art n'est plus l'aliment qui nourrit les meilleurs, l'artiste peut exercer son talent en toutes les tentatives de nouvelles formules, en tous les caprices de la fantaisie, en tous les expédients du charlatanisme intellectuel. Dans l'art, le peuple ne cherche plus consolation et exaltation, mais les raffinés, les riches, les oisifs, les distillateurs de quintessence cherchent le nouveau, l'étrange, l'original, l'extravagant, le scandaleux. Et moi-même, depuis le cubisme et au-delà, j'ai contenté ces maîtres et ces critiques, avec toutes les bizarreries changeantes qui me sont passées en tête, et moins ils le comprenaient et plus ils m'admiraient. À force de m'amuser à tous ces jeux, à toutes ces fariboles, à tous ces casse-tête, rébus et arabesques, je suis devenu célèbre et très rapidement. Et la célébrité signifie pour un peintre : ventes, gains, fortune, richesse. Et aujourd'hui, comme vous savez, je suis célèbre, je suis riche. Mais quand je suis seul à seul avec moi-même, je n'ai pas le courage de me considérer comme un artiste dans le sens grand et antique du mot. Ce furent de grands peintres que Giotto, le Titien, Rembrandt et Goya ; je suis seulement un amuseur public qui a compris son temps et a épuisé le mieux qu'il a pu l'imbécillité, la vanité, la cupidité de ses contemporains. C'est une amère confession que la mienne, plus douloureuse qu'elle ne peut sembler, mais elle a le mérite d'être sincère[11]. »

L'historien de l'art Richard Dorment explique, dans une lettre au journal britannique The Spectator, que Franco puis l'OTAN auraient utilisé cet extrait, repris au premier degré par plusieurs journaux, afin d'entacher la réputation de l'artiste à cause de ses positions ouvertement communistes. Quelques années plus tard, en 1962, Picasso aurait demandé à son biographe Pierre Daix de mettre au jour la supercherie, ce qu'il aurait fait dans Les Lettres françaises[12]. Le magazine Life a publié en 1969 un correctif à ce sujet[13].

Œuvres choisies

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  • Histoire du Christ. Traduit de l'italien par Paul-Henri Michel. Paris, Payot & Cie, 1922. Réédité par les Éditions De Fallois, L'Âge d'Homme (2010), traduit de l'italien par Gérard Genot, préface de François Livi, Professeur à la Sorbonne.
  • Le Crépuscule des philosophes : Kant, Hegel, Comte, Spencer, Nietzsche, Paris, Étienne Chiron, 1922.
  • Le Démon m'a dit. Traduit de l'italien par Paul-Henri Michel. Paris, Payot, 1923.
  • Un homme fini. Traduit de l'italien par Henry R. Chazel. Avec une introduction de Paul Guiton et un portrait de l'auteur. Paris, Librairie Académique Perrin, 1923.
  • Saint Augustin. Traduit de l'italien par Paul-H. Michel. Paris, Plon (Le Roseau d'Or), 1930.
  • Gog. Traduit de l'italien par René Patris. Paris, Flammarion, 1932.
  • Dante vivant. Traduit de l'italien par Juliette Bertrand. Paris, Bernard Grasset, 1934.
  • Les témoins de la passion. Sept légendes évangéliques. Traduit de l'italien par Fernand Hayward. Paris, Bernard Grasset, 1938.
  • Visages découverts, suivi de : Le sac de l'ogre. Traduit de l'italien par Georges Petit. Paris, Éditions Charles Dessart, 1942.
  • Lettres aux hommes du pape Célestin VI. Traduit de l'italien par Juliette Bertrand. Préface de Marcel Brion. Paris, Éditions du Pavois (Bibliothèque Internationale), 1948.
  • Michel-Ange. Traduit de l'italien par Fernand Hayward. Paris, Flammarion, 1950.
  • Le livre noir. Traduit de l'italien par Julien Luchaire. Paris, Flammarion, 1953.
  • Le Diable. Traduit de l'italien par René Patris. Paris, Flammarion, 1954.
  • La seconde naissance. Adapté de l'italien par Philippe Marceliaire. Préface de Daniel-Rops. Paris, Éditions du Centurion, 1962.
  • La Vie de Personne, Paris, Allia, , 48 p. (ISBN 9782844852984)
  • Concerto fantastique : toutes les nouvelles. Éditions l'Âge d'Homme, 2010.
  • Les Imbéciles (trad. Sonia Broyart Fabienne Lesage), Paris, Allia, , 48 p. (ISBN 9791030404296)

En 1958, Papini recevra à titre posthume le Prix de la mémoire « La plume d'or »[14].

  • Roberto Ridolfi, L'étonnant monsieur Papini. Traduit de l'italien par Marcelle Bourrette-Serre. Préface de Daniel-Rops. Paris, Librairie Arthème Fayard (Bibliothèque Ecclesia), 1959.
  • Vintila Horia, Giovanni Papini. Paris, Wesmael-Charlier (Conversions Célèbres), 1963.
  • Janvier Lovreglio, Une odyssée intellectuelle entre Dieu et Satan. Giovanni Papini (1881-1956). Tome 1 : L'homme. Tome 2 : La pensée. Tomes 3 & 4 : L'écrivain. Paris, Éditions P. Lethielleux, 1973-1975-1978-1981.
  • Le , France Culture diffuse « Une vie une œuvre » consacrée à Giovanni Papini, produite par Catherine Soullard.
  • Maria Pia De Paulis-Dalembert, Giovanni Papini : Culture et identité. Toulouse, Presses de l'Université du Mirail, 2007.

Notes et références

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  1. Maria Pia De Paulis-Dalembert, Giovanni Papini : Culture et identité, Toulouse, PU Mirail.
  2. (it) « Papini «bocciato» al Nobel per i trascorsi fascisti », il Giornale,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. Sandro Brioisi, Giovanni Papini, universalis.fr
  4. S. Jordan, « "Dichte, Dichter, tage nicht!" Die Europaische Schriftsteller-Vereinigung in Weimar 1941-1948. Von Frank-Rutger Hausmann. Frankfurt am Main: Klostermann, 2004. 409 Seiten + CD.  39,00. », Monatshefte, vol. XCVII, no 3,‎ , p. 576–578 (ISSN 0026-9271 et 1934-2810, DOI 10.3368/m.xcvii.3.576, lire en ligne, consulté le ).
  5. « Wayback Machine », sur web.archive.org, (consulté le ).
  6. (it) « PAPINI, Giovanni in "Dizionario Biografico" », sur www.treccani.it (consulté le ).
  7. "Dichte, Dichter, tage nicht!" - Die Europäische Schriftsteller-Vereinigung in Weimar 1941-1948, Frank-Rutger Hausmann, 2004 (ISBN 3465032950), p. 210.
  8. (it) Gloria Manghetti, Pour Giovanni Papini À l'occasion du 50e anniversaire de la mort de l'écrivain (1956-2006), Florence, Società Editrice Fiorentina, , P.136 (ISBN 978-88-6032-088-9), p. 100.
  9. Daniel Attala, « La Bible dans le miroir des Mille et Une Nuits », ThéoRèmes, no 14,‎ (ISSN 1664-0136, DOI 10.4000/theoremes.2592, lire en ligne, consulté le ).
  10. « Fake Picasso », The Spectator.
  11. L'écritoire, décembre 1990-janvier 1991, fiche no 1150.
  12. (en) Chronique « The Royal Flush » de Charlie Finch pour la revue électronique Artnet.
  13. "Apology for a False Picasso 'Quote'" Apology for a False Picasso 'Quote', Life, sur Google Livres.
  14. Jeff Moronvalle, « Le Recueil Ferriol (1714) et la mode des turqueries », Dix-huitième siècle, vol. 44, no 1,‎ , p. 425 (ISSN 0070-6760 et 1760-7892, DOI 10.3917/dhs.044.0425, lire en ligne, consulté le ).

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