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Explosion de la poudrerie de Grenelle

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Explosion de la poudrerie de Grenelle
Image illustrative de l’article Explosion de la poudrerie de Grenelle
Explosion de la poudrière de Grenelle le 14 Fructidor, an 2, gravure de Couché fils, au musée Carnavalet.

Type Catastrophe industrielle
Pays Drapeau de la France France
Localisation Paris
Coordonnées 48° 51′ 04″ nord, 2° 17′ 45″ est
Cause Explosion de poudre noire
Date à h 15
Bilan
Blessés 700 à 800
Morts 530 à 650

Carte

L’explosion de la poudrerie de Grenelle est l'une des catastrophes industrielles les plus meurtrières s'étant produites en France. Elle est survenue le , dans la partie nord de la plaine de Grenelle, englobée dans la ville de Paris par le mur des Fermiers généraux construit en (aujourd'hui place Dupleix dans le 15e arrondissement)[1].

Plaine de Grenelle dans les années , avec le château au centre.

Pendant la Révolution française, par un arrêté en date du 10 pluviôse an II (), le comité de salut public autorise la transformation du château de Grenelle ainsi que la ferme et les bâtiments avoisinants en « deux établissements provisoires de fabrication révolutionnaire de poudre ». Par mesure de sécurité, les bâtiments situés aux alentours sont détruits après expropriation des propriétaires. C'est à l'époque l'une des plus grandes poudreries au monde, avec celle d'Ichhapur en Inde[2] (devenue Rifle Factory Ishapore (en)).

Ainsi, deux mille ouvriers fabriquent de la poudre noire dans cette poudrerie, un atelier de munitions[3], lorsque le 14 fructidor an II (), à h 15, entre 30 et 150 tonnes de poudre du magasin d'entreposage, la poudrière, explosent.

Trois fortes détonations sont entendues, avec une immense colonne de fumée visible de tout Paris, qui provoquent près d'un millier de morts parmi les ouvriers, les employés et la population voisine, les alentours subissant des dommages considérables[4], comme la destruction du couvent des Visitandines de Chaillot, abandonné depuis le début de la Révolution.

Ce nombre de mille morts est avancé par Chaptal lui-même, alors directeur de l'Agence révolutionnaire des poudres. On parle même de 1 500 morts à l'étranger pour nuire à la France. Cependant, en s'appuyant sur l'étude des dossiers d'indemnisation, qui ne relèvent officiellement que 536 morts, on peut estimer le nombre de victimes à 1 360 (dont moins de la moitié de morts)[5].

Le souffle de l'explosion provoque la destruction de nombreuses vitres, et anéantit un grand nombre de vitraux d'églises dans la capitale : presque toutes les églises de Paris sont affectées, y compris sur la rive droite. Jacques Hillairet rapporte que le grand orgue de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois est endommagé et que l'explosion est entendue par Marie-Thérèse de France, détenue à la prison du Temple[6].

À la suite de cette catastrophe, la prise de conscience des risques induits par les activités de nature industrielle contribue au fondement de la réglementation française sur les établissements dangereux par le décret impérial de [4],[7].

Selon l'universitaire Thomas Le Roux, il s'agit « de l'accident industriel le plus meurtrier de l'histoire de France (Courrières mis à part) et sans aucun doute son premier véritable accident technologique »[5],[8].

Notes et références

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  1. Le Roux 2018a.
  2. Barillé et al. 2014.
  3. Claude-Antoine Prieur, « Notice sur l'exploitation extraordinaire de Salpêtre, qui a eu lieu en France, pendant les années 2 et 3 de la République ; ainsi que sur le nouveau procédé du raffinage de ce sel », Annales de chimie, vol. 20,‎ , p. 304–305 (lire en ligne).
  4. a et b « Explosion de la poudrerie de Grenelle », fiche no 5692, sur aria.developpement-durable.gouv.fr, base de données ARIA du ministère de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie (consulté le ).
  5. a et b Le Roux 2011.
  6. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, t. 1 : A–K, Paris, Éditions de minuit, [détail des éditions], « Dupleix (place) », p. 448 [lire en ligne].
  7. Le Roux 2018b.
  8. « La typologie des risques », sur ineris.fr, Institut national de l'environnement industriel et des risques (consulté le ).

Bibliographie

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  • [Barillé et al. 2014] Claire Barillé, Thomas Le Roux et Marie Thébaud-Sorger, « Grenelle  : secourir, indemniser et soigner les victimes d'une catastrophe industrielle à l'heure révolutionnaire », Le Mouvement social, no 249 « L'émergence du risque industriel : France, Grande-Bretagne, XVIIIe – XIXe siècles »,‎ , p. 41–71 (ISBN 978-2-7071-8330-9, DOI 10.3917/lms.249.0041).
  • [Le Roux 2011] Thomas Le Roux, « Accidents industriels et régulation des risques : L'explosion de la poudrerie de Grenelle en  », Revue d'histoire moderne et contemporaine, Paris, Belin, vol. 58, no 3,‎ , p. 34–62 (DOI 10.3917/rhmc.583.0034, JSTOR 23075321).
  • [Le Roux 2018a] Thomas Le Roux, « L'explosion de la poudrerie de Grenelle le  », Bulletin de la Société historique et archéologique du XVe arrondissement de Paris, no 51,‎ (résumé).
  • [Le Roux 2018b] (ca) Thomas Le Roux, « L'explosió de la fàbrica de pólvora de Grenelle : L'aculturació al risc industrial a França,  », Actes d'Història de la Ciència i de la Tècnica, vol. 10,‎ , p. 111–120 (DOI 10.2436/20.2006.01.207).
    (en) Thomas Le Roux, « The Grenelle Gunpowder Factory Explosion : Acculturating to Industrial Hazard in France,  », Actes d'Història de la Ciència i de la Tècnica, vol. 10,‎ , p. 121–129 (DOI 10.2436/20.2006.01.208).

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