Rhinotrachéite infectieuse bovine
La rhinotrachéite infectieuse bovine (en anglais, infectious bovine rhinotracheitis ou IBR) est une maladie virale contagieuse des bovins causée par l'herpèsvirus bovin de type 1 (BoHV-1). Elle se manifeste par une rhinotrachéite, une atteinte oculaire et des troubles de la reproduction. La vulvovaginite pustuleuse infectieuse (IPV) est une forme génitale de la rhinotrachéite infectieuse bovine[1].
Histoire
[modifier | modifier le code]La rhinotrachéite infectieuse bovine est identifiée pour la première fois en 1950 dans l'état du Colorado (États-Unis)[2].
Épidémiologie
[modifier | modifier le code]Distribution géographique
[modifier | modifier le code]Le virus de l'IBR et la maladie qui en découle sont retrouvés dans le monde entier[2],[1].
Espèces concernées
[modifier | modifier le code]La rhinotrachéite infectieuse ne touche que les bovins. Elle a également été identifiée chez d'autres bovidés, des cervidés et des girafidés. Il ne s'agit pas d'une maladie transmissible à l'être humain[2].
Étiologie
[modifier | modifier le code]L'agent infectieux est l'herpèsvirus bovin de type 1 (BoHV-1), dont il existe deux sous-types[3]. Il s'agit d'un virus enveloppé à ADN bicaténaire, moyennement résistant dans le milieu extérieur (environ 4 à 5 semaines à 20 °C).
Contamination
[modifier | modifier le code]La transmission du virus se fait par contact direct (proximité, contact physique) mais peut aussi se produire de manière indirecte (matériel d'étable, sperme contaminé, transfert d'embryon) et par voie aérogène[1].
Elle peut se produire à partir d'un animal infecté et malade, ou à partir d'un animal infecté mais porteur sain du virus[3]. Les animaux porteurs sains peuvent excréter du virus durant toute leur vie[1],[3].
Physiopathologie
[modifier | modifier le code]Le virus pénètre dans l'organisme par les voies respiratoires ou les voies génitales[2].
Lors de la première infection de l'animal, la virémie est principalement présente dans les fluides nasaux et oculaires pendant deux semaines. Il se réplique dans la muqueuse nasale avant d'être transporté par les nerfs et s'implanter dans le tissu nerveux, où le virus devient latent. Il peut se réactiver à la faveur d'un stress (vêlage, transport, maladie) ou d'un traitement immunosuppresseur[3].
Symptômes
[modifier | modifier le code]Le temps d'incubation de l'infection peut atteindre plusieurs mois[2].
L'IBR peut prendre des formes différentes selon les individus : respiratoire, septicémique, oculaire, génitale ou abortive, un individu pouvant être concerné par plusieurs types[2]. La forme respiratoire est cependant la plus fréquente[4].
Les symptômes cliniques sont principalement respiratoires avec une inflammation des voies respiratoires supérieures avec des lésions ulcéreuses et nécrotiques sur la langue, la cavité nasale et buccale, puis sur le larynx et la trachée. En absence de complications, la guérison survient en une dizaine de jours. Cependant, l'infection peut toucher le poumon et ainsi dégénérer en pneumonie ou en bronchopneumonie et aller jusqu'à la mort de l'animal.
Des signes généraux sont aussi présents avec hyperthermie (41°C) très marquée, abattement, une perte d'appétit (anorexie), les performances de productions de l'animal sont donc impactées.
L'avortement est un symptôme rare mais qui peut être observé entre le 4ème et le 7ème mois de gestation. Une conjonctivite bilatérale est de temps en temps rencontrée, parfois associée à un chémosis ou une kératite.
Pronostic
[modifier | modifier le code]En l'absence de complication, les animaux touchés peuvent guérir en environ deux semaines[2].
Diagnostic
[modifier | modifier le code]La lutte passe par un dépistage sérologique proposé aux éleveurs, ces derniers effectue ce test au laboratoire pour la recherche des anticorps dans le lait ou le sang. Les animaux infectés pourront faire l'objet d'une réforme anticipée.
Prévention
[modifier | modifier le code]Des vaccins atténués et inactivés sont disponibles sur le marché[5].
Les passages d’acteurs extérieurs dans une exploitation représentent un facteur de risque de propagation du virus. Des pratiques simples et régulières peuvent permettre l’élimination du virus dans l’environnement. Un nettoyage à l’eau chaude, la désinfection des bâtiment entre chaque lots, le port de bottes et autres équipements font la différence. L’isolement et le dépistage d’animaux achetés est important avant son introduction dans le troupeau. Les éleveurs vaccinent les bovins de tout âge, cela peut permettre la ré-excrétion du virus par les porteurs latents. Cela concerne donc les animaux positifs. Les coûts de la prophylaxie obligatoire (vaccination, analyse) sont pris en charge par le groupement de défense sanitaire (GDS).
Traitement
[modifier | modifier le code]Il n’existe pas de traitement curatif en dehors des mesures visant à soulager l’animal[2].
Enjeu principalement commercial
[modifier | modifier le code]Les symptômes cliniques étant relativement peu fréquents, l'IBR ne constitue pas un enjeu primordial pour la santé animale. Par contre, l'infection est assez répandue dans le monde et la maladie peut justifier des entraves au commerce, notamment en ce qui concerne la vente de reproducteurs. Cela explique les efforts menés par certains éleveurs et par les groupements de défense sanitaire (GDS) pour lutter contre cette maladie. De plus en plus d’éleveurs veulent bénéficier de garanties sanitaires, pour éviter qu’un animal acheté ré-excrète le virus dans un troupeau sain.
Réglementation
[modifier | modifier le code]L’Europe vise l’éradication sur une période de six ans (fin 2027), les pays devront s’adapter pour répondre à ces exigences. Les élevages qualifiés indemnes par le pays pourront à partir d’avril 2021 obtenir une qualification européenne. Pour la France cela pourrait être une économie d’environ 200 millions d’euros[6].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires OSAV, « Rhinotrachéite infectieuse bovine (IBR) / vulvovaginite pustuleuse infectieuse (IPV) », sur www.blv.admin.ch (consulté le )
- J-M Gourreau, Maladies des bovins: manuel pratique, France agricole, , 3e éd. (ISBN 978-2-85557-149-2), chap. 1 (« Maladies virales générales »)
- (en) « Infectious Bovine Rhinotracheitis (IBR) », sur MSD Animal Health Republic of Ireland (consulté le )
- Simon F. Peek, Theresa L. Ollivett et Thomas J. Divers, « 4 - Respiratory Diseases », dans Rebhun's Diseases of Dairy Cattle (Third Edition), Elsevier, , 94–167 p. (ISBN 978-0-323-39055-2, lire en ligne)
- Organisation mondiale de la santé animale, « Infectious bovine rhinotracheitis/infectious pustular vulvovaginitis », dans Manual of Diagnostic Tests and Vaccines for Terrestrial Animals, 13e éd.
- « L’IBR fait son retour en Bretagne », L'éleveur laitier, no 290, , p. 60
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Santé animale bovins ovins caprins, Carole Drogoul et Hubert Germain, 1998
- Maladies des bovins, 3ème édition, Institut de l’élevage, Éditions France Agricole, 2000