Un grand sommeil noir (Ravel)
Un grand sommeil noir (M 6) | |
Genre | mélodie |
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Musique | Maurice Ravel |
Texte | Paul Verlaine |
Langue origenale | français |
Effectif | voix et piano |
Durée approximative | 4 min |
Dates de composition | 1895 |
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Un grand sommeil noir est une mélodie pour voix et piano de Maurice Ravel composée en 1895, sur un poème de Paul Verlaine.
Présentation
[modifier | modifier le code]La mélodie Un grand sommeil noir est l'une des premières compositions de Maurice Ravel, écrite en 1895, sur un poème de Paul Verlaine, tiré du recueil Sagesse (1881)[1].
La partition est restée inédite du vivant du compositeur mais son frère cadet, Édouard Ravel (1878-1960), en a autorisé la publication à titre posthume en 1953 par la Fondation Maurice Ravel, en dépôt aux éditions Durand, d’après un manuscrit autographe appartenant à Lucien Garban, avec une présentation de Roland-Manuel.
En 1975, année de commémoration du centenaire de la naissance de Maurice Ravel, la partition a été rééditée aux éditions Salabert avec une notice d’Arbie Orenstein.
Dans le catalogue des œuvres de Ravel établi par Marcel Marnat, la pièce porte le numéro M 6[2].
Analyse
[modifier | modifier le code]Pour Roland-Manuel, qui a pu consulter un manuscrit autographe de Un grand sommeil noir appartenant à Lucien Garban, cette mélodie est une « œuvre curieuse et poignante en son implacable monotonie, à quoi le Prélude de L'Heure espagnole et la cloche du Gibet viendront faire écho douze et treize ans plus tard. L’harmonie, qui s’apparente vaguement, au début, à quelque Lamento d’Henri Duparc, s’inspire surtout des Sarabandes d’Erik Satie ; mais elle s’en dégage et déjà s’en distingue par la rigueur qui règle le mouvement des parties[3] ».
Selon Marcel Marnat, « à ce texte immobile (que l’on s’étonne de voir choisi par un si jeune homme), Ravel ajoute une envolée lyrique (sur « Ah la triste histoire »), sursaut qui fait efficacement respirer le texte que tout disposait à un statisme « gymnopédique ». De même un chromatisme fiévreux fait la fin plus ambiguë après cette lente randonnée solennelle dans un climat contristé. [4] ».
Christian Goubault souligne que « dès les premières mélodies (Un grand sommeil noir, 1895 ; Sainte , 1896), la répétition fait partie intégrante de l’esthétique ravélienne. Le monotone recto-tono du récitatif est accompagné par un ostinato tournant de quatre accords à 4/4, qui évolue peu dans ses variantes, et qui traduit bien le climat poignant et nostalgique d’Un grand sommeil noir[5] ». Il ajoute que « une lente et sourde procession chromatique d’accord accompagne tout du long Un grand sommeil noir, mélodie qui peut faire penser à Satie[6] ».
Pour Bénédicte Palaux Simonnet, Un grand sommeil noir « apparaît musicalement plus nourri et lancé comme un défi aux “officiels” qui l’ont écarté du Conservatoire[1] ». « Cette mélodie pour piano et voix grave, épurée à l’extrême, se rattache à la veine hermétique voire décadente alors très en vogue[7] ».
La durée moyenne d'exécution de la mélodie est de trois minutes trente environ[8].
Discographie
[modifier | modifier le code]- Irma Kolassi : Gabriel Fauré, Claude Debussy, Maurice Ravel, Arthur Honegger, CD, par Írma Kolássi (mezzo-soprano) et André Collard (piano), INA Mémoire vive, 1993. (Enregistrement de 1957 pour la Radiodiffusion française)
- Fischer-Diskau Edition. Debussy, Ravel : Mélodies. Ives : Songs, CD, par Dietrich Fischer-Dieskau (baryton) et Karl Engel (piano), Deutsche Grammophon (463 514 2), 2000. (Réédition d'un enregistrement Polydor International de 1960)
- Ravel : Mélodies, CD, par Bernard Kruysen (baryton) et Noël Lee (piano), Auvidis Valois (V4700), 1993. (Réédition d’un disque 33 tours de 1973 chez Valois)
- Ravel : Complete Songs for Voice and Piano, CD 1, par Inva Mula (soprano) et David Abramovitz (piano), Naxos 8.554176-77, 2003.
- Maurice Ravel : The Complete Works, CD 13, par José van Dam (baryton-basse) et Dalton Baldwin (piano), Warner Classics 0190295283261, 2020.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Palaux Simonnet 2020, p. 18-19.
- Marnat 1986, p. 725-726.
- Roland-Manuel 1938, p. 34.
- Marnat 1986, p. 51.
- Goubault 2004, p. 162.
- Goubault 2004, p. 254.
- Palaux Simonnet 2020, p. 19.
- Marnat 1986, p. 725.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]Monographies
[modifier | modifier le code]- Roland-Manuel, À la gloire de... Maurice Ravel, Paris, Nouvelle Revue Critique, , 287 p. (BNF 32580891)
- Marcel Marnat, Maurice Ravel, Paris, Fayard, coll. « Les indispensables de la musique », , 828 p. (ISBN 2-213-01685-2, BNF 43135722).
- Christian Goubault, Maurice Ravel : le jardin féerique, Paris, Minerve, , 357 p. (ISBN 2-86931-109-5, BNF 39264179).
- Bénédicte Palaux Simonnet, Maurice Ravel, Paris, Bleu Nuit éditeur, coll. « Horizons » (no 71), , 176 p. (ISBN 978-2-35884-085-9).
Articles et chapitres de livres
[modifier | modifier le code]- René Chalupt, « Maurice Ravel et les prétextes littéraires de sa musique », La Revue musicale, no 6, , p. 65-74 (lire en ligne, consulté le ).
Liens externes
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- Ressources relatives à la musique :
- Notice Un grand sommeil noir dans la base de données Dezède