dbo:abstract
|
- Aux XVIe et XVIIe siècles, mais aussi dans les siècles précédents, les mauvais-garçons étaient des bandes armées, souvent des brigands, des mercenaires, lansquenets et reîtres démobilisés qui terrorisaient les villes et les campagnes. On désignait autrefois par le mot « garçons » les serviteurs et valets qui marchaient à la suite des hommes d'armes, des chevaliers et des chefs de corps, pour leur rendre les services qu'exigeaient les circonstances. « Ces garçons, que l'on appela plus tard des « goujats », formaient des bandes de pillards, d'assassins, dont la présence et les actes criminels désolaient les campagnes et ruinaient les habitants ; alors on leur donnait le nom de « mauvais garçons » ». « Quand venait la paix, la plus grande partie de ces valets étaient licenciés, et au lieu de retourner aux lieux d'où ils étaient partis, ils se dispersaient par troupes dans les provinces, et y commettaient de tels désordres, qu'ils entravaient la circulation des grandes routes, et tenaient les populations dans la terreur et l'asservissement ». On lit dans la vie de saint Théodard (840-893), archevêque de Narbonne, que ce prélat fut contraint de renoncer à un voyage qu'il avait résolu, par suite de la crainte que lui inspiraient les mauvais garçons dont le territoire de son diocèse était infesté. « Dans tous les temps, la France fut parcourue et ravagée par des bandes de mauvais garçons, mais à aucune époque, ces bandes ne furent plus nombreuses et plus redoutables que vers le milieu du XVIe siècle. » Sous le règne de François Ier, les mauvais-garçons étaient « les bandes de bohémiens, de voleurs, de déserteurs, d'écoliers débauchés, qui parcouraient quelques provinces, et surtout les environs de Paris, en commettant d'effroyables désordres. Pendant la captivité de François Ier, leur audace s'accrut à tel point, qu'ils venaient jusqu'au sein de Paris exercer leurs brigandages, et qu'ils faisaient trembler le guet chargé de la police, lequel n'osait plus s'opposer à leurs tentatives, et fuyait à leur aspect. » Leur cri de guerre était « Vive Bourgogne! à sac! à sac ! » On fit alors assemblée (cette époque voit croître le pouvoir municipal). On décida de leur faire la guerre à Chartres et à Paris, il y eut une grande bataille, où plusieurs de leurs chefs furent tués ou suppliciés. Peu à peu les mauvais-garçons et pillards furent battus. La ville du XVIe siècle est laideur et tristesse, une contagion et un désordre d'enfer. La nuit profite aux mauvais-garçons qui vont dans la ville armés de bâtons, qui crochètent les huys et fenêtres, et s’efforcent d’y entrer pour piller. En 1667, Gabriel Nicolas de La Reynie, nommé lieutenant du prévôt de Paris pour la police, songea le premier à placer au milieu et aux deux extrémités de chaque rue des lanternes garnies de chandelles, innovation si importante, que, pour en perpétuer le souvenir, on frappa en 1669 une médaille représentant la ville de Paris, personnifiée par une femme debout, tenant une lanterne rayonnante et une bourse, avec cette légende : Urbis securitas et nitor. (fr)
- Aux XVIe et XVIIe siècles, mais aussi dans les siècles précédents, les mauvais-garçons étaient des bandes armées, souvent des brigands, des mercenaires, lansquenets et reîtres démobilisés qui terrorisaient les villes et les campagnes. On désignait autrefois par le mot « garçons » les serviteurs et valets qui marchaient à la suite des hommes d'armes, des chevaliers et des chefs de corps, pour leur rendre les services qu'exigeaient les circonstances. « Ces garçons, que l'on appela plus tard des « goujats », formaient des bandes de pillards, d'assassins, dont la présence et les actes criminels désolaient les campagnes et ruinaient les habitants ; alors on leur donnait le nom de « mauvais garçons » ». « Quand venait la paix, la plus grande partie de ces valets étaient licenciés, et au lieu de retourner aux lieux d'où ils étaient partis, ils se dispersaient par troupes dans les provinces, et y commettaient de tels désordres, qu'ils entravaient la circulation des grandes routes, et tenaient les populations dans la terreur et l'asservissement ». On lit dans la vie de saint Théodard (840-893), archevêque de Narbonne, que ce prélat fut contraint de renoncer à un voyage qu'il avait résolu, par suite de la crainte que lui inspiraient les mauvais garçons dont le territoire de son diocèse était infesté. « Dans tous les temps, la France fut parcourue et ravagée par des bandes de mauvais garçons, mais à aucune époque, ces bandes ne furent plus nombreuses et plus redoutables que vers le milieu du XVIe siècle. » Sous le règne de François Ier, les mauvais-garçons étaient « les bandes de bohémiens, de voleurs, de déserteurs, d'écoliers débauchés, qui parcouraient quelques provinces, et surtout les environs de Paris, en commettant d'effroyables désordres. Pendant la captivité de François Ier, leur audace s'accrut à tel point, qu'ils venaient jusqu'au sein de Paris exercer leurs brigandages, et qu'ils faisaient trembler le guet chargé de la police, lequel n'osait plus s'opposer à leurs tentatives, et fuyait à leur aspect. » Leur cri de guerre était « Vive Bourgogne! à sac! à sac ! » On fit alors assemblée (cette époque voit croître le pouvoir municipal). On décida de leur faire la guerre à Chartres et à Paris, il y eut une grande bataille, où plusieurs de leurs chefs furent tués ou suppliciés. Peu à peu les mauvais-garçons et pillards furent battus. La ville du XVIe siècle est laideur et tristesse, une contagion et un désordre d'enfer. La nuit profite aux mauvais-garçons qui vont dans la ville armés de bâtons, qui crochètent les huys et fenêtres, et s’efforcent d’y entrer pour piller. En 1667, Gabriel Nicolas de La Reynie, nommé lieutenant du prévôt de Paris pour la police, songea le premier à placer au milieu et aux deux extrémités de chaque rue des lanternes garnies de chandelles, innovation si importante, que, pour en perpétuer le souvenir, on frappa en 1669 une médaille représentant la ville de Paris, personnifiée par une femme debout, tenant une lanterne rayonnante et une bourse, avec cette légende : Urbis securitas et nitor. (fr)
|
prop-fr:texte
|
- Bravi (fr)
- :
:Bien sçay se j’eusse estudié
:Ou temps de ma jeunesse folle,
:Et à bonnes meurs dédié,
:J’eusse maison et couche molle !
:Mais quoy ? je fuyoye l’escolle,
:Comme faict le mauvays enfant…
:En escrivant ceste parolle,
:A peu que le cueur ne me fend. (fr)
- :
:A pain crier metent grant'paine,
:Et li avugle à haute alaine,
:Du pain à cels de Champ porri
:Dont moult sovent, sachiez, me ri.
:Les Bons Enfans orrez crier a
:Du pain, nes vueil pas oublier.
:Les Filles-Dieu sevent bien dire
:Du pain, pour Jhesu nostre Sire.
:Ça du pain por Dieu aus Sachesses.
:Par ces rues sont granz les presses,
:Je vous di de ces genz menues,
:Orrez crier parmi ces rues:
:Menjue pain. Diex, qui m'apele?
:Vien ça, vuide ceste escuele.
:Or viengne avant gaaigne pain,
:J'esclarciroie pos d'estain,
:Je relieroie hanas.
:Du poivre por le denier qu'as,
:Or aus poires de hastivel,
:Jorroises ai à grant revel,
:Près jonc à moult grant alenée.
:Or ça à la longue denrée. (fr)
- Oh ! merveilleuse étoffe d'honnête homme! Jehan, mon bel ami, mon petit billot, viens çà que je t'accolle ; si bel apprentissage à lui seul te vaudrait le baptême ; par ainsi qu'il te soit octroyé. Compagnon Gontran, fouette cette pinte d'un rouge bord; et toi, Jehan, avance et m'écoute : De par Grilgoth, Astaroth, Rappalus et Belzébuth, dieux des ribleurs, débiteurs, harpailleurs, buveurs, coureurs de nuits, hasardeurs de dés, tailleurs en piperie, tireurs de laine et dégoiseurs de gausserie ; par-devant Guillaume Ogier, notre bon sire et roi, grand Coësre et souverain du royaume argotique, et sur la présentation de maître Pierre Esclaireau, notre féal ; nous, Jehan de Metz, déclarons et faisons, à présent et à tout jamais, ledit sieur Jehan Charrot enfant de la pince et du croc ; lui octroyons le gracieux et inestimable titre de Mauvais Garçon, pour en jouir et le porter avec toutes ses immunités et privilèges. À l'effet de quoi, licite lui sera de visiter, en notre bonne ville et vicomté de Paris, tous pourpoints, capes, galverdines, chausses, hauts-de-chausses, robes de bure et de laine, frocs, harnois, bahuts, buffets, chapelles et boudoirs ; couper et découper toutes boursettes, bougettes, gibecières, escarcelles, sacs de drap et de velours ; pincer tous écus d'or à la croisette, au soleil, à la salamandre, à la couronne, au porc-épic, écus vieils et royaux, francs à pied, francs à cheval ; testons à l'effigie du roi, tous blancs, liards, doubles, coronats, deniers tournois et douzains, ludovicus et francisais, parpailloles, ducatons, ducats, doubles ducats, saluts, demisaluts, et toute monnaie ayant cours ; tromper devant et derrière, tous avocats, procureurs, sergens prévôts, tant des marchands que de la maréchaussée ; bouchers, charcutiers, poulaillers, rôtisseurs, baillifs ou capitaines de la santé, blattiers, cribleurs, boulangers, marchands forains, jurés vendeurs de poissons, cabaretiers, hôteliers et bordeliers ; en brief, mener vie franche et joyeuse, à la barbe et au nez de soudards, archers et gendarmes, ainsi que le fit mon très digne et illustre patron, maître François Villon, perdurant les meilleures années de sa vie, et ainsi que j'ai gros espoir de faire, tant que monseigneur Satanas me gardera de la messe et de la salade de Gascon, laquelle vous prend à la gorge.
— Amen ! Amen ! répondirent les brigands (fr)
- Bravi (fr)
- :
:Bien sçay se j’eusse estudié
:Ou temps de ma jeunesse folle,
:Et à bonnes meurs dédié,
:J’eusse maison et couche molle !
:Mais quoy ? je fuyoye l’escolle,
:Comme faict le mauvays enfant…
:En escrivant ceste parolle,
:A peu que le cueur ne me fend. (fr)
- :
:A pain crier metent grant'paine,
:Et li avugle à haute alaine,
:Du pain à cels de Champ porri
:Dont moult sovent, sachiez, me ri.
:Les Bons Enfans orrez crier a
:Du pain, nes vueil pas oublier.
:Les Filles-Dieu sevent bien dire
:Du pain, pour Jhesu nostre Sire.
:Ça du pain por Dieu aus Sachesses.
:Par ces rues sont granz les presses,
:Je vous di de ces genz menues,
:Orrez crier parmi ces rues:
:Menjue pain. Diex, qui m'apele?
:Vien ça, vuide ceste escuele.
:Or viengne avant gaaigne pain,
:J'esclarciroie pos d'estain,
:Je relieroie hanas.
:Du poivre por le denier qu'as,
:Or aus poires de hastivel,
:Jorroises ai à grant revel,
:Près jonc à moult grant alenée.
:Or ça à la longue denrée. (fr)
- Oh ! merveilleuse étoffe d'honnête homme! Jehan, mon bel ami, mon petit billot, viens çà que je t'accolle ; si bel apprentissage à lui seul te vaudrait le baptême ; par ainsi qu'il te soit octroyé. Compagnon Gontran, fouette cette pinte d'un rouge bord; et toi, Jehan, avance et m'écoute : De par Grilgoth, Astaroth, Rappalus et Belzébuth, dieux des ribleurs, débiteurs, harpailleurs, buveurs, coureurs de nuits, hasardeurs de dés, tailleurs en piperie, tireurs de laine et dégoiseurs de gausserie ; par-devant Guillaume Ogier, notre bon sire et roi, grand Coësre et souverain du royaume argotique, et sur la présentation de maître Pierre Esclaireau, notre féal ; nous, Jehan de Metz, déclarons et faisons, à présent et à tout jamais, ledit sieur Jehan Charrot enfant de la pince et du croc ; lui octroyons le gracieux et inestimable titre de Mauvais Garçon, pour en jouir et le porter avec toutes ses immunités et privilèges. À l'effet de quoi, licite lui sera de visiter, en notre bonne ville et vicomté de Paris, tous pourpoints, capes, galverdines, chausses, hauts-de-chausses, robes de bure et de laine, frocs, harnois, bahuts, buffets, chapelles et boudoirs ; couper et découper toutes boursettes, bougettes, gibecières, escarcelles, sacs de drap et de velours ; pincer tous écus d'or à la croisette, au soleil, à la salamandre, à la couronne, au porc-épic, écus vieils et royaux, francs à pied, francs à cheval ; testons à l'effigie du roi, tous blancs, liards, doubles, coronats, deniers tournois et douzains, ludovicus et francisais, parpailloles, ducatons, ducats, doubles ducats, saluts, demisaluts, et toute monnaie ayant cours ; tromper devant et derrière, tous avocats, procureurs, sergens prévôts, tant des marchands que de la maréchaussée ; bouchers, charcutiers, poulaillers, rôtisseurs, baillifs ou capitaines de la santé, blattiers, cribleurs, boulangers, marchands forains, jurés vendeurs de poissons, cabaretiers, hôteliers et bordeliers ; en brief, mener vie franche et joyeuse, à la barbe et au nez de soudards, archers et gendarmes, ainsi que le fit mon très digne et illustre patron, maître François Villon, perdurant les meilleures années de sa vie, et ainsi que j'ai gros espoir de faire, tant que monseigneur Satanas me gardera de la messe et de la salade de Gascon, laquelle vous prend à la gorge.
— Amen ! Amen ! répondirent les brigands (fr)
|