À Barcelone, paraît le premier numéro de la revue 391[2] créée par Francis Picabia : « C'est mieux que rien, car vraiment ici, il n'y a rien. »[3]
Philippe Soupault est hospitalisé à Paris (Boulevard Raspail), pour une bronchite, séquelle probable de l'expérimentation d'un vaccin contre la typhoïde. Il envoie son poème Départ à Guillaume Apollinaire qui le transmet à Pierre Albert-Birot[4]
Lettre d'Apollinaire à Paul Dermée : « Tout bien examiné, je crois en effet qu'il vaut mieux adopter surréalisme que surnaturalisme que j'avais d'abord employé. Surréalisme n'existe pas encore dans les dictionnaires, et il sera plus commode à manier que surnaturalisme déjà employé par MM. les Philosophes. »[9]
Parution à New York du premier numéro de la revue The Blind Man[11].
Marcel Duchamp, Fontaine[12], ready-made. Proposée dans le cadre d'une exposition « sans jury et sans médaille » organisée à New York par la Société des artistes indépendants, l'œuvre est refusée pour cause d'« obscénité et de non-art ». Photographiée par Alfred Stieglitz, elle est aussitôt publiée dans la revue The Blind man.
Lettre de Jacques Vaché à Breton : « Êtes-vous sûr qu'Apollinaire vit encore, et que Rimbaud ait existé ? Pour moi je ne crois pas - je ne vois guère que Jarry (Tout de même, que voulez-vous, tout de même - UBU) »[13]
Dans le programme du ballet ParadeGuillaume Apollinaire emploie, publiquement et pour la première fois, le mot de « sur-réalisme »[14].
À Zurich, exposition DadaMusique et danse nègre[15].
Pressé par Pierre Albert-Birot qui veut imprimer le programme des Mamelles de Tirésias, Apollinaire tranche définitivement pour drame surréaliste au lieu de drame surnaturaliste[16].
À New York, invité par Marcel Duchamp et Francis Picabia à participer à une conférence sur l'humour, Arthur Cravan, ivre, se met à rire sans rien dire et commence à se déshabiller jusqu'à l'intervention de la police[18].
Soupault achète à la librairie Ars et vita, située en face de l'hôpital du boulevard Raspail, un ouvrage broché dont le titre et l'auteur lui sont inconnus : Les Chants de Maldoror, Comte de Lautréamont. Soupault : « Depuis ce jour-là, véritable jour de ma naissance, personne ne m'a reconnu. Je ne sais plus moi-même si j'ai du cœur. »[20]
Lettre de Vaché à Breton : « Nous ne connaissons plus Apollinaire, ni Cocteau - Car - Nous les soupçonnons de faire de l'art trop sciemment, de rafistoler du romantisme avec du fil téléphonique et de ne pas savoir les dynamos. »[22]
1er septembre Breton, interne à l'hôpital du Val-de-Grâce y fait la connaissance de Louis Aragon[23]. Breton : « Vraiment un poète avec des yeux levés très haut, sans rien dans le geste de convenu et si mal adapté ! »[24]
Adrienne Monnier solde le numéro de la revue Vers et pros contenant le premier des Chants de Maldoror de Lautréamont. Aragon et Breton achètent le lot, en distribuent les exemplaires à leurs amis et passent leurs nuits de garde au service des aliénés à se les lire à haute voix[23],[25]. Aragon : « Parfois, derrière les portes cadenassées, les fous hurlaient, nous insultant, frappant les murs de leurs poings. Cela donnait au texte un commentaire obscène et surprenant. Les brusques trous de silence étaient plus impressionnants encore que le vacarme démentiel. »[26]
Arrivée à Paris de Jacques Vaché, profitant d'une permission. Avec Breton, ils projettent une conférence sur «l'Umour» au théâtre du Vieux-Colombier[27].
Tristan Tzara publie une « Note sur l'art nègre » et le poème « retraite » dans le no 21-22 de SIC, ce qui marque le début de sa collaboration avec cette revue française d'art dirigée par Pierre Albert-Birot.[réf. nécessaire]
Conférence de Guillaume Apollinaire au Vieux-Colombier, L'Esprit nouveau et les poètes avec un programme de lectures choisies par André Breton : « Un mouchoir qui tombe peut être pour le poète le levier avec lequel il soulèvera tout un univers. » Déception de Breton quand il entend Apollinaire parler de « bon sens français » et de son « horreur du chaos ou du désordre »[30].
Séjour d'Artaud à Divonne-les-Bains (Ain). Un médecin croit reconnaître dans les symptômes une syphilis héréditaire et prescrit un traitement par piqûres à base d'arsenic, de mercure et de bismuth[31].
La Mise au tombeau des oiseaux et papillons (Portrait de Tristan Tzara), reliefs : planches de bois aux contours sinueux, découpées, fixées et peintes ou non[36]
Série de collages comportant le titre récurrent […] selon les lois du hasard[37]
Civilisation : « Il est avéré désormais que le plus pur moyen de témoigner de l'amour à son prochain est bien de le manger [...] Posséder par le cœur, ou posséder par l'estomac ? Celui-ci est plus certain. Et puis, en cas de contre-ordre, il y a toujours la nausée. »
↑Laurent Le Bon (sous la direction de), Dada, Éditions du Centre Pompidou, Paris, 2005, catalogue de l'exposition présentée au Centre Pompidou du au , p. 65 et Marc Dachy, Archives Dada. Chroniques, Hazan, Paris, 2005 (ISBN2-7541-0009-1), p. 466 pour la date.
↑Adam Biro et René Passeron, Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs, Office du livre/Presses universitaires de France, (ISBN2-13-037280-5), p. 28 et Pierre-Marcel Adéma, Guillaume Apollinaire, La Table ronde, 1968, p. 304.
↑Jacques Vaché, Lettres de guerre, éd. Mille et une nuits, 2001, p. 19.
↑Mot qu'il reprend pour la présentation des Mamelles de Tirésias le 24 juin suivant. Sarane Alexandrian, L'Art surréaliste, Hazan, Paris, 1969, p. 27 et Dachy 2005, p. 468.
↑Albert-Birot explique comment cette hésitation a été tranchée lors d'une conversation « en mai, quand [il] prépare l'impression du programme », « Naissance et vie de SIC », les Lettres nouvelles no 2, septembre 1953.
↑Même si en 1952, dans ses entretiens avec André Parinaud, Breton évoque l'attitude de Jacques Vaché qui, déguisé en officier anglais et revolver au poing, aurait sommé de faire cesser le spectacle sous menace d'user de son arme contre le public et qu'il serait parvenu à le calmer; il cite ce geste comme un premier acte surréaliste qui symbolise « le fossé » qui sépare « deux styles de vie » et « deux styles de pensée » (Gallimard, 1969, p. 35), l'authenticité de l'anecdote est, depuis, discutée. En 1995, Marc Polizzotti note que sur une vingtaine de comptes rendus de ce spectacle, aucun ne mentionne la « spectaculaire » réaction de Vaché et que seul Aragon a relaté cet incident bien qu'il ne fut pas présent (Mark Polizzotti, André Breton, 1995, Gallimard, Paris (ISBN2-07-073298-3), p. 73). Dans la chronologie, Olivier Barbarant mentionne quant à lui la présence d'Aragon (Louis Aragon, Œuvres poétiques complètes, tome I : chronologie, Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade, Paris, 2007 (ISBN978-2-07-011327-9), p. LII). Quant à Pierre Albert-Birot, il « doute qu[e cet incident] ait pu avoir lieu » (Marie-Louise Lentengre, Pierre Albert-Birot ou l'invention de soi, éditions Jean-Michel Place, 1993, p. 122).
↑Lachenal, p. 322 et témoignage réitéré par Soupault lui-même dans NRF no 172 : André Breton et le mouvement surréaliste, 1967, Gallimard, réédition de 1990 (ISBN2-07-072093-4), p. 82.