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Accord relatif à la Malaisie de 1963

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Accord relatif à la Malaisie
Description de cette image, également commentée ci-après
Première page de l'Accord relatif à la Malaisie
Accord relatif à la Malaisie entre le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, la Fédération de Malaisie, le Bornéo septentrional, Sarawak et Singapour
Type de traité traité international
Dépôt Drapeau du Royaume-Uni Gouvernement du Royaume-Uni
Drapeau des Nations unies Secrétaire général des Nations Unies
Langues Anglais
Malais
Ébauche 15 novembre 1961
Signé 9 juillet 1963 (61 ans, 5 mois et 14 jours)
Londres, Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Sceau 31 juillet 1963
Effet 16 juillet 1963 (61 ans, 5 mois et 7 jours)
Parties
Parties Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Drapeau de la Malaisie Fédération de Malaisie
Bornéo septentrional
Sarawak
Drapeau de Singapour Singapour

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L' Accord relatif à la Malaisie[note 1], ou l'Accord relatif à la Malaisie entre le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, la Fédération de Malaisie, le Bornéo du Nord, le Sarawak et Singapour (MA63) est un document juridique qui acceptait de combiner le Bornéo du Nord (Sabah), le Sarawak et Singapour avec les États existants de Malaisie[1], l'union résultante étant nommée Malaisie[2],[3]. Signé à Londres, au Royaume-Uni, l'accord est en vigueur depuis le 16 septembre 1963. Singapour a ensuite été expulsé de la Malaisie peu de temps après cet accord, devenant un État souverain le 9 août 1965[4].

Avant la Seconde Guerre mondiale, la Malaisie britannique était composée de trois groupes d'entités politiques : le protectorat des États malais fédérés, cinq États malais non fédérés protégés et la colonie de la Couronne des Établissements des Détroits.

Union malaise

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En 1946, l'Union malaise a été créée en Malaisie britannique et comprenait les États malais fédérés de Perak, Selangor, Negeri Sembilan et Pahang ; les États malais non fédérés de Kedah, Perlis, Kelantan, Terengganu, Johor ; et les établissements des détroits de Penang et Malacca. Pendant ce temps, la Grande-Bretagne exerçait un contrôle direct (direct rule) sur Singapour en tant que colonie de la Couronne. Cette union a été créée est à travers une série d'accords entre le Royaume-Uni et l'Union malaise[5]. L'Union malaise a été remplacée par la Fédération de Malaisie le 1er février 1948 et a obtenu son indépendance au sein du Commonwealth des Nations le 31 août 1957[3].

Tout au long du XXe siècle, la décolonisation est devenue l’objectif sociale des peuples sous régimes coloniaux aspirant à l’autodétermination. Le Comité spécial de la décolonisation (également connu sous le nom de Comité spécial des Vingt-Quatre) a été créé en 1961 par l'Assemblée générale des Nations Unies dans le but de surveiller la mise en œuvre de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux et de faire des recommandations sur son application[6].

Le Comité succède également à l’ancien Comité chargé des renseignements relatifs aux territoires non autonomes. Espérant accélérer les progrès de la décolonisation, l'Assemblée générale des Nations Unies avait adopté en 1960 la résolution 1514 (XV), également connue sous le nom de « Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux » ou simplement « Déclaration sur la décolonisation ». Elle affirme que tous les peuples ont droit à l’autodétermination et proclame qu'il doit être mis fin rapidement au colonialisme et sans conditions[7].

En vertu de l'Accord relatif à la Malaisie signé entre le Royaume-Uni et la Malaisie, la Grande-Bretagne promulguerait une loi visant à abandonner le contrôle souverain sur Singapour, Sarawak et Bornéo du Nord (aujourd'hui Sabah). Le Malaysia Act 1963 comporte une paragraphe 1(1) dispose que le jour de la Malaisie, « la souveraineté et la juridiction de Sa Majesté à l'égard des nouveaux États seront abandonnées de manière à être transférées de la manière convenue »[8].

Décolonisation, autodétermination et référendum

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La question de l’autodétermination des peuples du Nord-Bornéo, du Sarawak et de Singapour a constitué la base d’un autre défi à la formation de la Fédération de Malaisie. Aux termes de la déclaration conjointe publiée par les gouvernements fédéraux britannique et malais le 23 novembre 1961, la clause 4 stipulait : « Avant de prendre une décision définitive, il est nécessaire de connaître l'opinion des peuples. » Il a donc été décidé de créer une Commission chargée de mener à bien cette tâche et de formuler des recommandations.

Afin de garantir que la décolonisation soit menée conformément aux souhaits des peuples du Nord-Bornéo, le gouvernement britannique, en collaboration avec le gouvernement malais, a nommé une commission d'enquête pour le Nord-Bornéo et le Sarawak en janvier 1962 pour déterminer si la population soutenait la proposition de créer une Fédération de Malaisie. L'équipe de cinq hommes, composée de deux Malais et de trois représentants britanniques, était dirigée par Lord Cobbold[9].

Désaccords à Singapour

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À Singapour, le Parti d'action populaire (PAP) a initialement cherché à fusionner avec la Malaisie sur la base du mandat fort qu'il avait obtenu lors des élections générales de 1959, lorsqu'il avait remporté 43 des 51 sièges au Parlement de Singapour. Cependant, ce mandat est devenu discutable lorsque des dissensions au sein du Parti ont conduit à une scission. En juillet 1961, à la suite d'un débat sur un vote de confiance au gouvernement, 13 députés du PAP furent expulsés du parti pour s'être abstenus. Ils ont ensuite formé un nouveau parti politique, le Barisan Sosialis (BS), la majorité du PAP au Parlement a été réduite puisqu'ils ne détenaient plus que 30 des 51 sièges. D'autres défections ont eu lieu jusqu'à ce que le PAP n'ait plus qu'une majorité d'un seul siège à l'Assemblée.

Dans ce contexte, il aurait été impossible de s’appuyer sur le mandat obtenu en 1959 pour poursuivre la fusion. Un nouveau mandat était nécessaire, d’autant plus que le BS soutenait que les conditions de fusion étaient préjudiciables aux Singapouriens – comme le fait d’avoir un nombre de sièges réduit au parlement fédéral par rapport à sa population, de ne pouvoir voter qu’aux élections de Singapour[10], et l’obligation pour Singapour de contribuer à hauteur de 40 % de ses revenus au gouvernement fédéral. Pour apaiser ces inquiétudes, un certain nombre de dispositions spécifiques à Singapour ont été incluses dans l’accord[11]. Singapour fut finalement expulsé de la Malaisie le 9 août 1965.

Le refus de Brunei

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Bien que Brunei ait envoyé une délégation à la signature de l'Accord de la relatif de la Malaisie, elle n'a pas signé, car le sultan de Brunei souhaitait la reconnaissance de son autorité comme le dirigeant principal de toute la fédération et de ce qu'il s'était passé pendant la révolte de Brunei[12]. Il restera un protectorat britannique jusqu'à ce qu'il devienne un État souverain le 1er janvier 1984.

Les revendications du Kelantan

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Le 11 septembre 1963, quatre jours seulement avant l’entrée en vigueur de la nouvelle Fédération de Malaisie, le gouvernement de l’État de Kelantan a demandé une déclaration affirmant que l’Accord relatif à la Malaisie et le Malaysia Act 1963 étaient nuls et non avenus ou, à défaut, que même s’ils étaient valides, ils ne liaient pas l’État de Kelantan. Le gouvernement du Kelantan a fait valoir que ni l’Accord de Malaisie ni le Malaysia Act 1963 n’étaient contraignants pour le Kelantan pour les motifs suivants : la Loi de Malaisie abolissait en réalité la Malaisie et cela était contraire à l’ Accord relatif à la Malaisie de 1957 ; les changements proposés nécessitaient le consentement de chacun des États constitutifs de la Fédération de Malaisie – y compris le Kelantan – et celui-ci n’avait pas été obtenu. Cette action a été rejetée par James Thomson, alors juge en chef, qui a statué que la Constitution n'avait pas été violée lors de la discussion et le vote du Malaysia Act 1963[13],[14].

Au cours des décennies qui ont suivi l’Accord, de nombreux universitaires et hommes politiques ont fait valoir que les promesses faites au Sarawak et au Nord-Bornéo (Sabah) ont été compromises au fil du temps par le gouvernement fédéral[15],[16],[17]. Après la défaite initiale historique du gouvernement Alliance / Barisan Nasional (BN) lors des élections générales malaisiennes de 2018, le gouvernement Pakatan Harapan (PH) a promis d'examiner les griefs du Sarawak et du Sabah concernant l'Accord relatif à la Malaisie qui avait été négligé.

Après qu'un amendement proposé en 2019 à la Constitution de la Malaisie visant à rétablir le statut du Sabah et du Sarawak conformément au contenu original de l'accord de Malaisie n'a pas réussi à obtenir une majorité qualifié des deux tiers, le gouvernement fédéral a accepté de réexaminer l'Accord pour remédier aux violations du traité avec un « Comité spécial du Cabinet chargé de réviser l'accord de Malaisie »[18],[19]. Les sept points convenus étaient les suivants :

La première réunion sur ces questions a eu lieu le 17 décembre 2018[19]. Malgré la volonté du gouvernement fédéral de réexaminer l'Accord, des rapports ont fait surface selon lesquels les négociations entre Sabah et le gouvernement fédéral ne se sont pas déroulées sans heurts, ce dernier dictant certaines questions de la révision, donnant l'impression que la révision était une affaire unilatérale, le gouvernement semblant réticent à abandonner le contrôle des affaires[20].

Dans un autre amendement de 2021 à la Constitution de la Malaisie, l'article 160 (2) de la Constitution fédérale a été modifié avec la nouvelle définition du terme « fédération » où la fédération malaisienne est formée conformément à l'accord malaisien de 1963 en plus de l'accord malaisien de 1957[21]. En février 2022, le nom du chef du gouvernement du Sarawak a été changé de « Ministre en chef » à « Premier ministre ». En 2024, il a été proposé que Sabah fasse de même[22].

En mars 2022, 11 personnes du Sarawak ont déposé un recours auprès de la Haute Cour du Sarawak pour déclarer l'accord relatif à la Malaisie nul et non avenu parce que le peuple du Sarawak n'a pas exercé son droit à l'autodétermination de manière inconditionnelle et qu'un référendum n'a pas été organisé avant la formation de la Malaisie. Par conséquent, le Sarawak ne serait pas lié par l’accord avec la Malaisie[23]. En avril 2022, le gouvernement du Sarawak a tenté de rejeter la plainte au motif que la Haute Cour n'avait pas compétence pour faire appliquer ou annuler un traité international comme le MA63[24]. En mai 2023, la Haute Cour de Kuching a rejeté le procès car la Constitution fédérale de Malaisie est la loi suprême du pays et pour que Sarawak quitte la fédération, la Constitution fédérale doit être modifiée[25].

La liste des annexes de l'Accord relatif à la Malaisie :

Annexe A:
Projet de loi relative à la Malaisie
Annexe B:
Constitution de Sabah
Annexe C:
Constitution de Sarawak
Annexe D:
Constitution de Singapour
Annexe E:
Projet de loi sue l'Immigration
Annexe F:
Accord de défense externe et assistance
Annexe G:
Ordre en Conseil de 1963 du Bornéo septentrional relatif aux indemnités et prestations de retraite Intitulé
Annexe H:
Modèle d'accords relatif aux fonctionnaires en ce qui concerne Sabah et Sarawak
Annexe I:
Modèle d'accords relatif aux fonctionnaires en ce qui concerne Singapour
Annexe J: Accord entre les Gouvernements de la fédération de Malaisie et de Singapour
Annexe K:
Arrangements relatifs á la radiodiffusion et á la télévision á Singapour
Modifiant:
Modifiant l'Accord du 9 juillet 1963
Complémentaire :
Accord complémentaire relatif à la Malaisie le 11 Septembre 1963

Notes et Références

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  1. malais : Perjanjian Malaysia; chinois : 马来西亚协定; Modèle:Lang-tam

Références

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  1. « Malaysia Act 1963 »
  2. See: The UK Statute Law Database: the Acts of the Parliament of the United Kingdom Malaysia Act 1963
  3. a et b See: The UK Statute Law Database: the Acts of the Parliament of the United Kingdom Federation of Malaya Independence Act 1957 (c. 60)
  4. See: the Independence of Singapore Agreement 1965 and the Acts of the Parliament of the United Kingdom Singapore Act 1966.
  5. See: Cabinet Memorandum by the Secretary of State for the Colonies. 21 February 1956 Federation of Malaya Agreement
  6. See: the United Nations Special Committee on Decolonisation – Official Website
  7. See: History of U.N. Decolonisation Committee – Official U.N. Website
  8. See: Section 1(1), Malaysia Act 1963, Chapter 35 (UK).
  9. Cobbold was Governor of the Bank of England from 1949 to 1961. The other members were Wong Pow Nee, Chief Minister of Penang, Mohammed Ghazali Shafie, Permanent Secretary to the Ministry of Foreign Affairs, Anthony Abell, former Governor or Sarawak, and David Watherston, former Chief Secretary of Malaya.
  10. Kevin Y.L. Tan, The Singapore Legal System, vol. 2, Singapore University Press, (ISBN 9789971692124), p. 46
  11. HistorySG, « Signing of the Malaysia Agreement – Singapore History », eresources.nlb.gov.sg, National Library Board (consulté le )
  12. Philip Mathews, Chronicle of Malaysia: Fifty Years of Headline News, 1963–2013, Editions Didier Millet, , 29 p. (ISBN 978-967-10617-4-9, lire en ligne)
  13. Admission of New States: The Government of the State of Kelantan v. The Government of Malaya and Tunku Abdul Rahman Putra Al-Haj Cet article reprend du texte de cette source, qui est dans le domaine public.
  14. Kathirasen, « When Kelantan (and PMIP) sued to stop formation of Malaysia », FMT, (consulté le )
  15. (en) James Chin, The 1963 Malaysia Agreement (MA63): Sabah and Sarawak and the Politics of Historical Grievances, University of Tasmania, (ISBN 978-967-2165-58-3, lire en ligne)
  16. Lu, « MA63 To Restore, Safeguard Eroded Rights | New Sarawak Tribune », (consulté le )
  17. (en) Pei, « 'Passing of MA63 Bill shows importance in restoring Sarawak and Sabah's status in federation' | New Straits Times », NST Online, (consulté le )
  18. « MA63: Seven issues resolved, 14 need further discussion, says PM's Office », Bernama, The Malay Mail, (consulté le )
  19. a et b « Seven MA63 issues resolved », Bernama, Daily Express, (consulté le )
  20. Julia Chan, « In Sabah, doubts linger as Putrajaya's MA63 review accused of being one-sided affair », The Malay Mail, (consulté le )
  21. Syed Jamal Zahid, « Dewan Rakyat finally passes key constitutional amendments to recognise MA63 », The Malay Mail,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  22. « Rename Sabah CM ‘premier’ like Sarawak, says rep », FMT, (consulté le )
  23. « Group of 11 Sarawakians file writ to declare MA63 null, void », The Malay Mail,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  24. Sharon Ling, « High Court postpones decision on striking out suit to nullify MA63 », The Malay Mail,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  25. David Desiree, « Kuching High Court strikes out suit to nullify MA63 », The Borneo Post,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )

Bibliographie

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  • J. de V. Allen; Anthony J. Stockwell (1981). A Collection of Treaties and Other Documents Affecting the States of Malaysia: 1761–1963. Oceana Publ. (ISBN 978-0379007817).
  • James Chin (2014). "Federal-East Malaysia Relations: Primus-Inter-Pares?, in Andrew Harding and James Chin (eds) 50 Years of Malaysia: Federalism Revisited (Singapore: Marshall Cavendish)". The Straits Times: 152–185 – via Academia.edu.
  • James Chin (31 May 2018). "Why new Malaysian govt must heed MA63 rallying cry". The Straits Times – via Academia.edu.
  • James Chin (2019) The 1963 Malaysia Agreement (MA63): Sabah And Sarawak and the Politics of Historical Grievances – Via ResearchGate

Liens externes

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