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György Ligeti

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György Ligeti
Description de cette image, également commentée ci-après
György Ligeti en 1984.

Naissance
Diciosânmartin, Drapeau de la Roumanie Roumanie
Décès (à 83 ans)
Vienne, Drapeau de l'Autriche Autriche
Activité principale Compositeur
Style Musique contemporaine
Collaborations Karlheinz Stockhausen, Pierre Boulez, Luciano Berio, Mauricio Kagel, Katalin Károlyi
Formation Académie Franz Liszt (Budapest)
Enseignement Internationale Ferienkurse für Neue Musik (Darmstadt), Conservatoire de Hambourg
Élèves Unsuk Chin
Récompenses Prix Kossuth (2003)

Œuvres principales

György Ligeti est un compositeur naturalisé autrichien, né à Dicsőszentmárton en Roumanie le dans la minorité hongroise de Roumanie et mort le à Vienne.

Issu d'une famille juive de langue et culture hongroises, il a été formé au conservatoire de Cluj en Transylvanie. Le jeune Ligeti doit interrompre ses études en 1943, à la suite des mesures antisémites prises successivement par le régent Horthy (dont l’armée a réoccupé la majeure partie de l’ex-territoire de Transylvanie peuplé de Hongrois mais dévolu à la Roumanie par le traité de Trianon) et le régime des Croix fléchées. Toute sa famille, sauf sa mère, disparaît en déportation.

Après la Seconde Guerre mondiale, il part étudier la musique et la composition à l’Académie Franz Liszt à Budapest, avant de se réfugier à Vienne après l'échec de la révolte anti-communiste de 1956. Après l'écoute du Gesang der Jünglinge de Karlheinz Stockhausen, il contacte ce dernier qui accepte de l'intégrer à son studio de Cologne, où il rencontre Pierre Boulez, Luciano Berio et Mauricio Kagel, avec qui il travailla.

Il s’installe à Vienne en 1959, où il obtient la nationalité autrichienne en 1967. Par la suite, il enseigne à Darmstadt ainsi qu’à l'École royale supérieure de musique de Stockholm ; il devient titulaire d'une chaire de composition au conservatoire de Hambourg en 1973.

Membre de l'Académie roumaine, il est membre du jury du « prix de composition Tōru Takemitsu » en 1998.

En 2003, il reçoit le prix Kossuth.

Il meurt le à Vienne. Il est enterré au cimetière central de Vienne, dans le secteur des tombes d'honneur des musiciens (33G), près du pianiste autrichien de jazz Joe Zawinul.

György Ligeti présente un haut degré de synesthésie : il associe fortement les notes de musique et les nombres avec des couleurs ; fasciné par la lecture d'un article sur cette particularité neurologique, il dit avoir été surpris d'apprendre que tout le monde n'était pas synesthète[1].

L’œuvre de Ligeti est des plus diverses, puisqu’elle va de la pièce pour piano seul à l’opéra, en passant par la musique de chambre, l’orchestre, la musique électronique et des formations plus anecdotiques (Poème symphonique pour 100 métronomes), sans oublier l’orgue et le clavecin qui apparaissent assez peu dans la musique contemporaine.

Les œuvres de la période hongroise de Ligeti, notamment le Premier quatuor à cordes, ont une inspiration nettement bartókienne, mais possèdent déjà le côté iconoclaste qui s’affirmera plus tard. Ainsi, les onze pièces de Musica ricercata sont écrites en utilisant seulement deux notes pour la première pièce (la deuxième note n’apparaissant d’ailleurs qu’à la dernière mesure), puis trois, et ainsi de suite jusqu’à la dernière pièce qui est dodécaphonique. Malgré cette pièce, Ligeti restera plus tard à distance du dodécaphonisme ou de la musique sérielle. Six de ces pièces furent arrangées pour quintette à vent. Dans le premier quatuor on trouve aussi cette progression mathématique, puisque les intervalles utilisés augmentent progressivement à chaque mouvement en commençant par le demi-ton.

Dans le Poème symphonique pour 100 métronomes de 1962, le cliquetis de ces derniers est organisé pendant près de vingt minutes par un interprète qui règle précisément les tempos et les départs. Cette pièce est un happening créé en liaison avec le mouvement Fluxus[2] . Dans l'esprit provocateur de ce mouvement, Ligeti a pu le présenter comme un canular[3], un pied de nez à l’intelligentsia avant-gardiste (dont il faisait partie), inspiré notamment par les jeux de l’Américain John Cage. Il crée un véritable scandale lors de sa première représentation.

Ligeti affine cette technique — où la répétition d’un même son dans plusieurs voix à des vitesses presque identiques crée des déphasages évoluant lentement dans le temps — dans diverses œuvres, notamment dans les scherzos du Deuxième quatuor à cordes (1968) et du Concerto de chambre (1970), ainsi que dans les Trois pièces pour deux pianos (1976). En plus de cette technique purement rythmique, Ramifications (1969) pour double orchestre à cordes brouille les lignes en accordant un des deux orchestres à un diapason légèrement différent de celui de l’autre. Ces deux approches correspondent respectivement à ce que Karol Beffa a appelé les « clocks » et « clouds »[4].

Aventures et Nouvelles aventures constituent une forme de théâtre musical utilisant des techniques vocales inhabituelles (cri, grognement, rire…). Loin des préoccupations des œuvres micropolyphoniques ou polyrythmiques de Ligeti, ces deux pièces renvoient plutôt à une approche qui remonte à Artikulation.

Les œuvres de la dernière période (concertos pour piano, pour violon, ainsi que les Études pour piano), suivant en cela une tendance générale de la musique contemporaine, renouent plus ou moins avec la tradition en utilisant diatonisme, voire tonalité, et mélodie.

Le réalisateur Stanley Kubrick utilisa plusieurs fois la musique de György Ligeti dans ses films, en particulier Atmosphères, Requiem, et Lux Æterna dans 2001, l'Odyssée de l'espace (« le monolithe noir ») et Musica ricercata dans Eyes Wide Shut (le thème au piano, « comme un coup de poignard dans le cœur de Staline », d’après Ligeti[5]). Kubrick a également utilisé Lontano de Ligeti dans Shining.

Dans un documentaire de 2023, Ligeti, compositeur de l’extraterrestre, réalisé par Herbert Eisenschenk, l'épouse du compositeur raconte que Kubrick n'avait demandé aucune autorisation à Ligeti pour utiliser sa musique dans 2001, l'Odyssée de l'espace. La femme du réalisateur, Christiane, avait entendue par hasard cette musique à la radio, et l'a fait écouter à son mari, qui l'a incluse dans le film. Lorsque Ligeti s'en est rendu compte, la production a fait savoir à Kubrick que Ligeti pouvait légalement l'attaquer en justice, et qu'il gagnerait certainement, mais que la procédure judiciaire durerait certainement 25 ans, car ils avaient de très bons avocats. Finalement, Ligeti n'est pas allé jusqu'au procès, et il a reçu 3 000 $ de la part de la production du film[6].

Principales œuvres

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Prix et distinctions

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Notes et références

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  1. (en) Robert H. Wade, « Conversations with Gyorgy Ligeti », Challenge, vol. 66, nos 3-4,‎ , p. 117-122 (DOI 10.1080/05775132.2023.2225324, 19 juin 2023, consulté le ).
  2. (en) Eric Austin, « Ligeti in Fluxus », The Journal of Musicology, vol. 21,‎ , p. 201-40
  3. Floros 2014, p. 41 : « In a letter, Ligeti explained several years later that his hoax was meant to ridicule the musical situation of the ‘sixties, the concert life and the various ideologies that left the audience in the lurch. » La lettre évoquée est de Ligeti à Ove Nordwall, 17 avril 1966 elle est citée par Ove Nordwall, György Ligeti. Eine Monographie. Mainz, 1971, p. 8.
  4. Alix de Boisset, « Karol Beffa, “Janus” de la musique », sur ikoness.com, (consulté le ).
  5. Voir les commentaires du compositeur dans Stanley Kubrick, a Life in Pictures ainsi que la dernière partie de l'article d'Ivan A. Alexandre, 1923-2006, l'Odyssée du Temps, paru dans le no 539 (septembre 2006) du magazine Diapason.
  6. « Ligeti, compositeur de l’extraterrestre - Regarder le documentaire complet », sur ARTE (consulté le )
  7. kulturpreise.de

Bibliographie

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  • Michel Pierre, György Ligeti, compositeur d'aujourd'hui, Paris, Éditions Minerve, coll. « Collection Musique ouverte », , 246 p. (ISBN 2-86931-005-6, OCLC 14360470)
  • (en) Marina Lobanova, György Ligeti : style, ideas, poetics, Berlin, Verlag Ernst Kuhn, (ISBN 3-928864-90-4)
  • Joseph Delaplace, György Ligeti : un essai d'analyse et d'esthétique musicales, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Aesthetica », , 286 p. (ISBN 978-2-7535-0536-0, OCLC 470667926)
  • György Ligeti, Neuf essais sur la musique, Genève, Editions Contrechamps, 2010 (ISBN 978-2-940068-36-4)
  • Simon Gallot, György Ligeti et la musique populaire, coll. Perpetuum mobile, Symétrie, 2011. (ISBN 978-2-914373-25-8)
  • (en) Constantin Floros (trad. de l'allemand par Ernest Bernhardt-Kabisch), György Ligeti : beyond avant-garde and postmodernism, Francfort, Peter Lang, , 252 p. (ISBN 978-3-631-65499-6, OCLC 913723169)
  • Karol Beffa, György Ligeti, Paris, Fayard, 2016, 464 p.

Liens externes

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Bases de données et dictionnaires

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