Jacques Amyot (évêque)
Jacques Amyot | ||||||||
Jacques Amyot, portrait par Léonard Gaultier. | ||||||||
Biographie | ||||||||
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Naissance | Melun |
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Décès | (à 79 ans) Auxerre |
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Évêque de l'Église catholique | ||||||||
Ordination épiscopale | ||||||||
Évêque d'Auxerre | ||||||||
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Autres fonctions | ||||||||
Fonction religieuse | ||||||||
Grand aumônier de France | ||||||||
Fonction laïque | ||||||||
Maître de la Librairie | ||||||||
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Jacques Amyot, né à Melun le et mort à Auxerre le , est un prélat français et l'un des traducteurs les plus renommés de la Renaissance. Il est inhumé à Auxerre[1].
Biographie
[modifier | modifier le code]Formation
[modifier | modifier le code]Né de parents pauvres[2] en 1513, il parvient à se rendre à Paris suivre les cours du collège de Navarre[2] où il se met au service de riches étudiants afin de subvenir à ses besoins. Il est l'élève de Pierre Danes. À 19 ans, en 1532, il obtient sa licence à Paris et devient maître des arts. Il décide de poursuivre ses études à l'université de Bourges où enseigne le juriste milanais André Alciat, et devient docteur en droit civil de l'université de Bourges. On trouve alors à Bourges une école de grec ancien et un marché éducatif important. Il trouve à s'employer comme précepteur puis comme lecteur de grec ancien et de latin en 1537.
Professeur à l'université de Bourges
[modifier | modifier le code]Par l'intermédiaire de Jacques Colin, abbé de Saint-Ambroix à Bourges, aumônier de François Ier, il obtient une place de précepteur de ses neveux, puis des fils de Guillaume Bochetel, secrétaire d'État, et beau-frère de Jean de Morvillier, lieutenant du Berry. Il commence alors ses premières traductions avec la Vie de Démétrius de Plutarque, en 1542. Recommandé à Marguerite de Valois, alors duchesse de Berry, il est nommé professeur de latin et de grec à l'université de Bourges. Durant les dix ans de sa chaire universitaire, il traduit le roman grec Théagène et Chariclée (sous le titre L'Histoire aethiopique) d'Héliodore. Cette traduction parue en 1547 lui vaut d'être récompensé par François Ier, qui lui octroie le bénéfice de l'abbaye de Bellozane laissée vacante par la mort de François Vatable.
Précepteur des fils du roi Henri II
[modifier | modifier le code]Il est alors en mesure de se rendre en Italie pour étudier le texte de Plutarque conservé au Vatican. Il s'attelle à la traduction des Vies parallèles des hommes illustres (1559-1565). Sur le chemin du retour, il se voit chargé d'une mission pour le concile de Trente. Rentré en France, il est nommé précepteur des fils de Henri II en 1557. Le premier, Charles IX, le nomme grand aumônier en 1561 ; le second, Henri III, le fait commandeur de l'ordre du Saint-Esprit.
Il est nommé maître de la Librairie en 1567, après l’éviction de Pierre de Montdoré. Sous son administration, la Bibliothèque du roi est transportée de Fontainebleau à Paris, sans doute dans une maison particulière louée à cet effet. Au cours de l'année 1593, cette maison est en partie pillée par les Ligueurs.
Evêque d'Auxerre
[modifier | modifier le code]Pie V le nomme évêque d'Auxerre en 1570 à la suite de la mort à Rome de Philibert Babou de La Bourdaisière. Son frère cadet Jean Amyot est désigné comme son procureur le et prend possession de l'évêché pour lui le .
Jacques Amyot développe des actions en faveur des populations de son diocèse mais conserve ses fonctions à la cour auprès de Charles IX et Henri III. Il est nommé supérieur de l'hôpital des Quinze-Vingts à Paris, en 1572.
Il vit à Auxerre dans la tranquillité, occupé à la réfection du chœur de la cathédrale pour l'adapter à la pastorale prévue par les décisions du concile de Trente et la Contre-Réforme et à ses traductions. En 1579 il donne le règlement de l'Hôtel-Dieu d'Auxerre. Il fait publier le bréviaire en caractères romains en 1580. Il fonde un collège des jésuites, en 1584, qui deviendra l'actuel lycée Jacques-Amyot d'Auxerre. Il se trouve à Blois en au moment de l'assassinat du duc de Guise et du cardinal de Lorraine. Il fait partie des prélats excommuniés par les résolutions de la faculté de théologie de l'université de Paris pour avoir assisté à la messe du en compagnie d'Henri III. Ecclésiastique pieux et consciencieux, il s'en tient courageusement à ses principes. Il aurait conseillé à l'aumônier du roi Henri III de refuser l'absolution à l'assassin des princes de Guise, assassinat qu'il est néanmoins soupçonné d'avoir approuvé. Son retour à Auxerre est difficile, perturbé jusqu'à la fin de sa vie par l'insubordination et les révoltes de son clergé malgré une absolution prononcée par le légat Caetani en 1590. Sa maison est pillée et il est contraint de quitter Auxerre pendant quelque temps. Il aurait légué à sa mort 1 200 couronnes à l'hôpital d'Orléans, en raison des « 12 deniers » qu'il y avait reçus quand, « pauvre et nu », il se rendait à Paris.
Le traducteur de Plutarque
[modifier | modifier le code]On lui doit la traduction de sept ouvrages de Diodore de Sicile (1554), les Amours pastorales de Daphnis et Chloë de Longus (1559) et les Œuvres morales de Plutarque (1572). Sa traduction vigoureuse et idiomatique des Vies des hommes illustres a été retraduite en anglais par Thomas North et a fourni à William Shakespeare la matière de ses pièces romaines. La première traduction est publiée en 1559 mais elle est revue et corrigée en 1565 et 1567.
Amyot s'intéressa surtout à Plutarque. Il ne publia pas sa traduction de Diodore, dont il avait pourtant découvert le manuscrit. L'intérêt de son travail réside aujourd'hui surtout dans son style. Son ouvrage eut un immense succès et exerça une grande influence sur plusieurs générations d'écrivains français. Montaigne lui rend un chaleureux hommage dans ses Essais (II-4) : « Je donne, avec raison, ce me semble, la palme à Jacques Amyot sur tous nos écrivains français » et : « Nous autres ignorants étions perdus, si ce livre ne nous eût relevés du bourbier »[3].
Postérité
[modifier | modifier le code]Style
[modifier | modifier le code]Amyot écrit pour être compris et avait une passion de la clarté et de la netteté. Il commente et explique dès qu'il redoute une hésitation du lecteur. En cela, il se place dans la tradition des premiers humanistes[4]. En effet, Laurent de Premierfait, dit aussi Laurentius Campanus, humaniste de la fin du XIVe siècle et du début du XVe siècle, explique au début de sa traduction du de Senectute :
« Ce qui me semble trop bref ou trop obscur je l'allongerai en exposant par mots et par sentences. »
Par exemple, Amyot ne se contente pas d'expliquer à l'aide d'une note en bas de page ce qu'est une phalange grecque, il préfère insérer une glose dans son texte[4].
Dans un texte intitulé « Rabelais il a raté son coup » (1957), Louis-Ferdinand Céline regrette que le « style académique » d'Amyot — qui revient selon lui à « écrire de la merde : du langage figé » — ait durablement influencé la langue française, tandis que Rabelais a selon lui échoué à « faire passer la langue parlée dans la langue écrite »[3],[5].
Hommages
[modifier | modifier le code]Plusieurs rues et édifices portent son nom dans plusieurs villes de France :
- Auxerre : lycée Jacques-Amyot ;
- Bourges : rue Jacques-Amyot[6] ;
- Guignes (Seine-et-Marne) : rue Jacques-Amyot ;
- Le Mans : rue Jacques-Amyot ;
- Melun :
- Paris :
- rue Amyot dans le 5e arrondissement, depuis 1867 ;
- statue de Jacques Amyot au Palais du Louvre parmi les Hommes illustres de la cour Napoléon ;
Armoiries
[modifier | modifier le code]D'azur au chevron d'or, chargé d'un croissant de gueules et accompagné de deux trèfles en chef et d'une étoile en pointe, le tout d'or.[7]
Édition des écrits
[modifier | modifier le code]Didot (25 vol., 1818-1821)
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Bertrand Beyern, Guide des tombes d'hommes célèbres, Le Cherche midi, , 385 p. (ISBN 978-2-7491-2169-7, lire en ligne), p. 273.
- Monographie de Melun aux archives départementales de Seine et Marne
- Jean Vignes, « La lettre de consolation de Plutarque à sa femme traduite par La Boétie et ses prolongements chez Montaigne, Céline et Michaël Fœssel », Exercices de rhétorique [Online], vol. 9, (lire en ligne, consulté le ).
- « À propos de la traduction « erronée » de Plutarque par Amyot / Élisabeth Schneikert », 3-5 décembre 2014 (consulté le )
- Louis-Ferdinand Céline, Le style contre les idées : Rabelais, Zola, Sartre et les autres, Complexe, , 145 p. (lire en ligne), p. 119
- Alain Giraud, Le dictionnaire des rues de Bourges : précédé par quelques commentaires utiles, Châteauroux/impr. en République tchèque, La bouillote, , 345 p. (ISBN 978-2-36975-184-7), p. 67
- Popoff 1996, p. 6.
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Jean-Pierre Soisson, Jacques Amyot 1513-1593; Paris (Éd. France-Empire Monde), 2013; 172 p.; (ISBN 978-2-7048-1227-1)
- La base numérique du patrimoine de Melun (Numel) propose le fac-similé de « Vie de Jacques Amyot, tirée des mémoires concernant l’histoire civile et ecclésiastique d’Auxerre » de l'abbé Lebeuf, Melun, 1848
- Auguste Le Barbier de Blignières, Essai sur Amyot et les traducteurs français au XVIe siècle, Paris, 1851
- Projet d'éloquence royale, nouvelle édition, précédé d'un essai critique, Le Monarque orateur, Paris, Les Belles Lettres, 1992 (ISBN 978-225146001-7)
- Michel Popoff et préface d'Hervé Pinoteau, Armorial de l'Ordre du Saint-Esprit : d'après l'œuvre du père Anselme et ses continuateurs, Paris, Le Léopard d'or, , 204 p. (ISBN 2-86377-140-X)
- Sylvie Le Clech-Charton, Les Vies de Jacques Amyot : édition commentée de documents inédits, Paris, CTHS, , 263 p. (ISBN 978-2-7355-0800-6)
- Fortunes de Jacques Amyot, actes du colloque international, Melun, 18-, Pris, Nizet, 1986
- André Laurent, Jacques Amyot l'humaniste (1513-1593), Presses du village, 1984
- Alexandre Cioranescu, Vie de Jacques Amyot, d'après des documents inédits, Paris, 1941
- Paul Émard, « Jacques Amyot, grand aumônier de France, supérieur des Quinze-Vingts Pauvres Aveugles du Roi (1560-1593) », Revue du seizième siècle, t. XIV, , p. 77-115, 281-314 (lire en ligne), t. XV, 1928, p. 1-42
- Olivier Guerrier, Visages singuliers du Plutarque humaniste : Autour d'Amyot et de la réception des Moralia et des Vies à la Renaissance, Les Belles Lettres,
Liens externes
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- Ressource relative à la religion :
- Ressource relative aux beaux-arts :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- « Les Œuvres morales et meslees » (première moitié) de Plutarque, sur le site de l'université de Toronto
- Les vies des hommes illustres, Grecs et Romains, comparées l'une avec l'autre par Plutarque de Cheronee (1565) sur archive.org
- Les Œuvres Morales & Meslees de Plutarque (1572) sur archive.org
- Archives de Seine-et-Marne : Jacques Amyot (1513-1593)
- Personnalité de la Renaissance
- Écrivain français du XVIe siècle
- Traducteur français du XVIe siècle
- Traducteur depuis le grec ancien vers le français
- Traducteur depuis le latin vers le français
- Évêque d'Auxerre
- Grand aumônier de France
- Commandeur de l'ordre du Saint-Esprit
- Naissance en octobre 1513
- Naissance à Melun
- Décès en février 1593
- Décès à 79 ans
- Décès à Auxerre
- Personnalité inhumée à Auxerre
- Étudiant de l'ancienne université de Bourges
- Cour d'Henri III
- Cour de Charles IX
- Naissance dans la province d'Île-de-France
- Décès dans la province de Bourgogne