Young Men's Christian Association
YMCA Young Men's Christian Association | |
Logo de l’association. | |
Situation | |
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Région | 120 pays |
Création | 1844 à Londres (Angleterre) |
Type | Association à but non lucratif Organisation non gouvernementale internationale |
Siège | Genève (Suisse) |
Organisation | |
Effectifs | 90,000 employés |
Personnes clés | George Williams, fondateur |
Site web | ymca.int |
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La YMCA (Young Men's Christian Association) ou l’UCJG (Union chrétienne de jeunes gens) est une association et une ONG chrétienne protestante interconfessionnelle. Elle regroupe plus de 15 000 associations locales de jeunes, présentes dans 120 pays, représentant 65 millions de membres qui œuvrent dans de nombreux domaines. La première YMCA a été fondée à Londres en 1844 par George Williams (1821-1905). Le siège mondial se trouve à Genève, en Suisse. L’association a une homologue féminine, la Young Women's Christian Association.
Historique
[modifier | modifier le code]Le , consterné par les conditions de vie difficiles des jeunes travailleurs londoniens, George Williams rassemble un groupe de collègues et fonde la Young Men's Christian Association ou YMCA à Londres (Association chrétienne des jeunes gens) afin de mobiliser les jeunes hommes pour leur vie spirituelle[1].
La YMCA s'établit en 1850 en Australie, à Montréal au Canada en 1851 et à Boston aux États-Unis la même année[2].
En Suisse, la première Union chrétienne de jeunes gens (UCJG) est fondée à Genève à l'initiative d'Henri Dunant, l'initiateur de la Croix-Rouge, et de Maximilien Perrot, issu d'une vieille famille genevoise, en 1852[3].
En 1855, l'association mondiale des YMCA (Young Men's Christian Association) est fondée et devient engagée dans la promotion d'activités sportives pour les jeunes[4].
En 1891, le basket-ball est inventé par James Naismith, un enseignant canadien, moniteur d'une université YMCA. Le jeu enthousiasme les élèves, si bien que, immédiatement, ils décident de le baptiser « Naismith-ball » : cela amuse beaucoup l'inventeur mais il refuse. Alors le chef de la classe propose qu'on le nomme simplement « basket-ball » puisqu'il y a « a basket and a ball » (« un panier et une balle »). En 1895 c'est le volley-ball qui est inventé par un professeur d'une YMCA.
En Europe, lors de la Première Guerre mondiale de 1914 à 1918, l'YMCA accompagne le débarquement des troupes américaines sur le sol français[5]. Elle assure alors le bien-être des unités alliées dans les cantonnements à travers ses foyers du soldat qui organisent spectacles, bibliothèques et activités sportives. Elle contribue ainsi largement à l'implantation du basket-ball et du volley-ball dans les classes populaires françaises. À cette même époque, des brochures de découverte de la langue internationale espéranto sont distribuées par l'YMCA auprès des prisonniers de guerre. En 1919, avant le ré-embarquement des unités américaines, l'YMCA participe largement à la construction du stade Pershing et à l'organisation des Jeux interalliés.
Aux États-Unis, dans les années 1920, l'évangile social favorise l'établissement de centres de remise en forme avec des bibliothèques pour les jeunes ouvriers, gérés par l'organisation[6],[7]. Puis dans les années 1930, certaines sections locales commencent à s'engager pour la défense des droits civiques[8].
En 1930, le futsal (Fútbol de Salón) est lancé par Juan Carlos Ceriani Gravier, un prêtre argentin immigré en Uruguay en 1929, devenu directeur de l'Asociación Cristiana de Jóvenes (YMCA) de Montevideo, en Uruguay.
But des YMCA
[modifier | modifier le code]Le but de l'association créée par George Williams était d'atteindre l'harmonie entre le corps, l'intellect et l'esprit. L'insigne de l'YMCA - un triangle équilatéral - représente les trois domaines que l'être humain doit développer pour demeurer en équilibre. « Le triangle est l'exemple d'une symétrie essentielle à l'homme sur les plans spirituel, intellectuel et physique » (Luther Gulick, professeur d'éducation physique du YMCA et créateur du symbole triangulaire des YMCA en 1891). Aujourd’hui, on parle du développement holistique de la personne.
Les YMCA partagent un certain nombre de textes adoptés lors des assemblées générales de l'Alliance universelle des YMCA : comme la Base de Paris (1855)[9], les principes de Kampala (1973)[10] et Défi 21 (1999) Texte relevant les défis du XXIe siècle[11]. Ils témoignent de l'évolution des YMCA de 1855 à nos jours. Les nouveaux textes n'annulent pas les précédents, mais les complètent.
YMCA empowering young people : Développer l’autonomie, le sens et la prise de responsabilités des jeunes.
Domaines d'intervention
[modifier | modifier le code]Les YMCA œuvrent dans divers domaines sociaux qui varient selon les pays, comme les activités sociales (réflexion biblique, activités sportives, cours du soir, formation professionnelle, piscine...), l'hébergement solidaire (camps d'été, hôtellerie, foyer d'étudiants, foyer de jeunes travailleurs) et les actions humanitaires[12].
Œcuménisme
[modifier | modifier le code]Relations entre les YMCA et les Églises orthodoxes
[modifier | modifier le code]En 1911, les YMCA ont entamé un partenariat avec l'Église orthodoxe russe[13]. En 1913, les YMCA ont décidé d'accepter les orthodoxes parmi les membres actifs.
Relations entre les YMCA et l'Église catholique
[modifier | modifier le code]Dans les pays majoritairement ou partiellement catholiques, les YMCA comptent de nombreux membres catholiques romains (pratiquants ou non). Le , l'Église catholique romaine a interdit à ses fidèles de fréquenter les YMCA, considérées comme « apostates » en 1920 (Acta Apostolicae Sedis, Vol. XII, p. 595-597[14])[15]. Les évêques des Philippines ont rappelé cette interdiction aux catholiques des Philippines en 1954[16]. Le décret sur la liberté religieuse du concile Vatican II a annulé cette interdiction en 1965[17] ,[18]. Le Secrétariat pour l'unité des chrétiens, devenu le Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens, et l'Alliance universelle des YMCA sont en dialogue depuis 1984.
Organisation
[modifier | modifier le code]Selon un recensement de l'association publié en 2023, elle aurait 12 000 associations locales dans 120 pays, 90 000 employés et 920 000 volontaires[19].
Au sein des alliances nationales on trouve parfois des alliances régionales (en Allemagne), parfois linguistiques (en Suisse).
Les YMCA d'un même pays adhèrent à une fédération nationale.
Les fédérations nationales des YMCA adhèrent à l'Alliance universelle des YMCA et à des alliances continentales (Afrique : 22 fédérations, Asie et Pacifique : 26 fédérations, Europe : 36 fédérations, Amérique Latine et Caraïbes : 29, Moyen-Orient : 6 fédérations et YMCA isolées, Amérique du Nord : 2 fédérations). L'Alliance universelle est basée à Genève où sont également conservées ses archives. L'alliance européenne est basée à Prague.
Certaines Alliances nationales des YMCA font alliance avec les YWCA (Young Women's Christian Association ou Unions chrétiennes de jeunes filles).
YWCA
[modifier | modifier le code]La Young Women's Christian Association est le pendant féminin du YMCA. En France, elle est représentée par les Unions chrétiennes de jeunes filles de France.
Personnalités notables des YMCA
[modifier | modifier le code]Quatre prix Nobel de la paix ont été attribués à d'anciens responsables YMCA :
- le Suisse Henri Dunant (1828-1910) en 1901 (conjointement avec le pacifiste français Frédéric Passy, 1822-1912) ;
- l’Américain John R. Mott (1865-1955) en 1946 (conjointement avec l'Américaine Emily Greene Balch, 1867-1961) ;
- le Rhodésien Albert Luthuli (1898-1967) en 1961 ;
- le Finlandais Martti Oiva Kalevi Ahtisaari (1960 à 1963).
George Williams été anobli. Un vitrail de l'abbaye de Westminster rend hommage à son œuvre ainsi qu'aux services rendus par les YMCA pendant la Première Guerre mondiale. Le musée Madame Tussauds à Londres avait une figure de cire à son effigie, dans la section religieuse, entourée par celle des réformateurs Martin Luther, John Knox, John Wesley et Jean Calvin.
Évocations dans les arts
[modifier | modifier le code]La chanson YMCA
[modifier | modifier le code]Les associations YMCA ont inspiré aux Village People leur célèbre chanson sortie en 1978 : Y.M.C.A.[20]. Lues au premier degré, les paroles de la chanson sont un hymne au mouvement YMCA. La chorégraphie du clip de cette chanson représente les lettres « Y M C A » avec les bras des interprètes. Mais la chanson abonde aussi en sous-entendus qui font allusion à l'existence d'une culture homosexuelle dans les YMCA[21].
Cinéma
[modifier | modifier le code]Dans le film Gremlins, les gremlins veulent se multiplier en plongeant dans une piscine d'une YMCA américaine.
Dans La Grande Évasion, pendant une scène de briefing dans la bibliothèque de l'Oflag, on peut voir des caisses de livres, estampillées du triangle unioniste, envoyées par les YMCA aux prisonniers de guerre. Comme la Croix-Rouge, les YMCA soutenaient les soldats en captivité.
Dans l'Armée des ombres, Lino Ventura, se retrouve dans un club à Londres où des jeunes gens s'amusent. On peut y voir affiché sur un mur les quatre lettres de l'association.
Dans Green Book : Sur les routes du sud, le docteur Don Shirley se rend, un soir, lors de sa tournée, dans un YMCA, où il a une aventure homosexuelle.
Controverses
[modifier | modifier le code]Au début du XXe siècle, les YMCA deviennent peu à peu involontairement un lieu de rencontre et de sociabilité pour les jeunes hommes homosexuels ou bisexuels en quête d'un lieu où ils pourraient vivre cet aspect de leur sexualité, à l'époque très mal vu, sans trop de craintes. L'existence de cette sous-culture transparaît ponctuellement dans les médias à l'occasion de plusieurs scandales[21]. L'une des premières affaires de ce genre éclate en 1912 à la YMCA de Portland, dans l'Oregon, la neuvième plus grande structure des YMCA aux États-Unis : un journal local lance des accusations de sodomie et d'incitation de mineurs à la délinquance contre de nombreuses personnalités masculines de la ville, dont quelques-unes vivaient à la YMCA ou en fréquentaient les installations sportives[21]. Un scandale similaire éclate en 1919 à la Station d'entraînement naval de Newport, à Rhode Island[21]. La YMCA réagit à ces scandales par des mesures contre les homosexuels : être suspecté d'homosexualité ou d'incitation à des relations homosexuelles devient un motif d'exclusion de l'association, et cela alors même que de nombreux employés de bureau des YMCA y travaillaient parce qu'ils appréciaient la tolérance habituelle de ces associations envers l'homosexualité[21]. Les YMCA demeurent malgré cela un lieu de rencontre homosexuelle jusqu'à l'émergence d'un mouvement militant public en faveur des droits des homosexuels dans les années 1960, période où d'autres lieux de sociabilité apparaissent[21].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- J. Gordon Melton, Encyclopedia of Protestantism, Infobase Publishing, États-Unis, 2005, p. 575.
- Mehmet Odekon, W. George Scarlett, Encyclopedia of World Poverty, SAGE Publications, États-Unis, 2006, p. 1207.
- Maximilien Perrot, Notices historiques sur l'Union Chrétienne de Jeunes Gens de Genève, de 1852 à 1878. Rapport rédigé pour le 25e anniversaire de cette société, 1878.
- Mark Juergensmeyer, Wade Clark Roof, Encyclopedia of Global Religion, Volume 1, SAGE, États-Unis, 2012, p. 1395.
- Immanuel Ness, Encyclopedia of American Social Movements, Routledge, Abingdon-on-Thames, 2015, p. 968.
- Gwendolyn Mink, Alice O'Connor, Poverty in the United States: An Encyclopedia of History, Politics, and Policy, Volume 1, ABC-CLIO, États-Unis, 2004, p. 838-839.
- Christopher H. Evans, The Social Gospel in American Religion: A History, NYU Press, États-Unis, 2017, p. 116.
- Gwendolyn Mink, Alice O'Connor, Poverty in the United States: An Encyclopedia of History, Politics, and Policy, Volume 1, ABC-CLIO, États-Unis, 2004, p. 839.
- « ymca.int/who-we-are/mission/pa… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
- « ymca.int/who-we-are/mission/ka… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
- « ymca.int/who-we-are/mission/ch… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
- Mehmet Odekon, Encyclopedia of World Poverty, SAGE Publications, États-Unis, 2006, p. 1207.
- Matthew Lee Miller, The American YMCA and Russian Culture: The Preservation and Expansion of Orthodox Christianity, 1900–1940, Lexington Books, États-Unis, 2012, p. 142.
- http://www.vatican.va/archive/aas/documents/AAS%2012%20[1920]%20-%20ocr.pdf.
- « time.com/time/magazine/article… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
- « cbcponline.net/documents/1950s… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
- http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_decl_19651207_dignitatis-humanae%20(1)_fr.html.
- « carlislefamilyymca.org/daxFron… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
- Young Men's Christian Association, About, ymca.int, Suisse, consulté le 5 mai 2023.
- (en) Michael Campbell, Popular Music in America : The Beat Goes On, Cengage Learning, (lire en ligne), p. 267.
- YMCA, article de Caryn E. Neumann dans GLBTQ : An Encyclopedia of Gay, Lesbian, Bisexual, Transgender, and Queer Culture, 2004. Page consultée le 11 novembre 2016.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Liens internes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- H. R. Boudin, Histoire des Unions chrétiennes de jeunes gens (YMCA) en Belgique, Librairie des éclaireurs unionistes, Flavion-Florennes, 1983, 480 p., illustré avec liste exhaustive de toutes les activités UCJG-YMCA en Belgique et au Congo belge ou pour des Belges.
- (en) Stefan Huebner, Pan-Asian Sports and the Emergence of Modern Asia, 1913-1974, Singapour: NUS Press, 2016: chapitres 1-2 (YMCA et sport en Asie)
- Bernard Charles, Les Unions Chrétiennes de Jeunes Gens-UCJG-YMCA 1855-2005, Éditions Olivétan (ISBN 978-2-35479-096-7)
- (en) Charles Howard Hopkins, History of the YMCA in North America, Association Press, New York, 1951, 818 p.
- John Jaques, Histoire des unions chrétiennes de jeunes gens de la Suisse romande [1852-1902], Eggimann, Genève, 1902, 296 p.
- Notice historique sur les Unions belges depuis leur fondation en 1853 jusqu'en 1883. Rapport présenté par le Comité central à l'occasion de la 25e Réunion Générale tenue à Liège-Seraing les 13- par Louis de Looper, Bruxelles, 1883, 16 p.
- Balty, V., Les Unions belges 1858-1928. Les cinquante premières années de l'Alliance Nationale des Unions Chrétiennes de Jeunes Gens de Belgique. Notice historique, Comité national des U.C.J.G., Nessonvaux, 1908, 126 p. illustré.
- Dans le sillon. trois quart de siècle d'activité des U.C.J.G. de Belgique 1858-1933. Alliance Nationale des Unions Chrétiennes de Jeunes Gens de Belgique, Jumet, 1933, 63 p. illustré.