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Page:Colette - Mes apprentissages, 1949.djvu/240

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ment ai-je pu les laisser passer ? Mon regret les suivit dans leur gloire circulaire : « Une autre fois… »

Mais on ne retrouve jamais treize lévriers, quand on les a laissés passer devant soi, taillés à l’image du mouvement et de la vitesse. Faute d’avoir osé rassembler, sous une main qui certes était digne d’eux, les treize lévriers désemparés, j’ai dû accepter d’autres seconds — le ridicule, par exemple. C’est un concours puissant. Sans lui, par quoi me fussé-je signalée ?

Un bel après-midi, sur une pelouse de Neuilly, dans le jardin de Miss Nathalie Clifford-Barney, j’interprétai le Dialogue au soleil couchant, de Pierre Louÿs. L’autre actrice improvisée s’appelait Eva Palmer, américaine, rousse à miracle et les cheveux jusqu’aux pieds. Je n’ai vu qu’à ma demi-sœur aînée l’abondance qui accablait le front d’Eva. Pour notre Dialogue, elle avait roulé en câbles son exceptionnelle parure et revêtu une tunique à peu près grecque, d’un bleu verdissant, tandis que je me croyais un parfait Daphnis, en vertu d’un crêpe de Chine terre cuite, fort court, de

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