sise et bien dissimulée. Une pareille obstination n’eût-elle pas dû décourager les ouvriers de mon destin et leurs messages ? Ceux-ci, comme s’ils savaient par où me frapper et me plaire, recouraient, déjà, à des cocasseries d’un mauvais goût précurseur, des propositions de caravaniers. À brûle-pourpoint l’un m’apostropha :
— Voulez-vous prendre un numéro de treize lévriers russes dressés ? La dresseuse propriétaire se meurt à l’hôpital. C’est du tout cuit, tout prêt, l’itinéraire de la tournée, les contrats, tout… Et ça ferait bien un genre pour vous…
Je n’ai pas retenu le nom de l’ambassadeur qui laissa tomber sur moi cette rosée, cette tentation, ce souffle de grande route, cette odeur de cirque… Je haussai les épaules, je me refusai même la vue des lévriers. Treize lévriers, leurs cous de chimères, leurs ventres creux qui boivent l’air, et treize cœurs à conquérir… Anxiété, anxiété ! J’eus beau retourner à ma sagesse de scribe, à ma vieille peur fidèle, l’anxiété travaillait pour moi… Treize lévriers, un rempart, une famille, un pays… Com-
